Sharon Van Etten – Remind Me Tomorrow

Sharon Van Etten a connu une carrière musicale plus que prometteuse depuis le début de cette décennie. Révélée en 2009 avec son premier album Because I Was In Love sur le label Ba Da Bing Records, elle a monté en grade jusqu’à atteindre la consécration en 2014 avec Are We There. Après un EP intitulé I Don’t Want To Let You Down paru l’année suivante (chroniqué ici), la native du New Jersey a décidé de faire une pause dans sa carrière musicale pour se consacrer à d’autres activités en reprenant entre autres ses études en psychologie et en jouant dans la série The OA diffusée sur Netflix. Pour ce mois de janvier, elle fait son grand retour avec son nouvel opus tant attendu du nom de Remind Me Tomorrow.

A l’image de ses compères de la scène indie féminine américaine que sont Angel Olsen ou encore Mitski, Sharon Van Etten a décidé de changer de cap en s’éloigne des sphères indie folk qui ont fait sa renommée. C’est avec l’aide de John Congleton à la production que la désormais jeune maman a décidé de développer son nouveau son comme l’atteste « Comeback Kid » où les rythmiques discoïdes donnent furieusement envie de bouger ou à l’inverse des moments plus solennels comme le très froid « Jupiter 4 » où la voix de la chanteuse brille sur des synthétiseurs analogiques. Remind Me Tomorrow commence en douceur afin de préparer le terrain avec des influences dream-pop sur l’intimiste « I Told You Everything », la céleste « No One’s Easy To Love » avec sa voix reverbée ainsi que sur « Memorial Day » où elle a décidé de libérer le Kraken qui est en elle.

Il s’agit ici de sa création la plus ambitieuse de sa discographie où elle virevolte entre influences springstiniennes sur le cathartique « Seventeen » où elle revisite ses 17 ans lorsqu’elle se perdait dans la Big Apple et des ascensions parfois gothiques comme « You Shadow » où son interprétation est simplement magistrale tout comme sur les synthés dissonants de la production cold et drone de « Hands ». Tout est synthétique sur ce nouvel opus et aucune guitare à l’horizon: orgue, piano, synthés, harmonium, boîte à rythme et différentes distorsions sont réunis pour ce nouvel opus qui se veut autobiographique et raconte sa renaissance après sa récente maternité et ses études qui l’ont incité à devenir une meilleure personne.

Une fois de plus, on est sur le charme des sublimes ballades que sont « Malibu » et « Stay » montrant que la mamzelle possède plus d’un tour dans son sac. Elle pourra remercier son époux ainsi que John Congleton pour la remettre sur les bons rails et ce Remind Me Tomorrow est la définition même du talent toujours aussi indémodable. Oui, l’année 2019 commence plutôt bien et on ne va pas s’en plaindre.

Note: 9/10