En 2015, Deerhunter avait effectué un retour fracassant avec leur très accessible Fading Frontier (chroniqué ici). Ce retour à la lumière était placé sur le retour à la lucidité de la part de Bradford Cox qui s’était remis de son accident de voiture. Trois années se sont écoulées et la question est de savoir où en est le désormais légendaire groupe d’Atlanta suite à cela ? Nous avons la réponse avec ce huitième album intitulé Why Hasn’t Everything Already Disappeared ?
Comme si on ne pouvait pas à s’attendre à quelque chose de plus « lumineux » déjà amorcé, Deerhunter ira pousser le bouchon plus loin. Et pour ce faire, la bande à Bradford Cox a recruté Cate Le Bon pour la production. Au final, sa patte se fait bien entendre à travers des morceaux résolument apaisés et baroques comme l’introduction intitulée « Death In Midsummer » où le clavecin se fait entendre comme sur « No One’s Sleeping ». Exit les explorations art-rock de Cryptograms, les inspirations dream-pop de Halcyon Digest ou encore les territoires garage cradingues de Monomania, les voilà qu’ils s’aventurent dans une pop baroque résolument sophistiquée avec une interprétation classe et sobre de Bradford Cox qui relève le tout comme sur « Element », « Futurism » conviant la guitare de Tim Presley mais encore « Plains » qui s’inscrivent parmi les titres les plus catchy de l’opus.
Entre deux instrumentaux baroques où la patte de Cate Le Bon se fait ressentir avec « Greenpoint Gothic », en y écoutant plus près, on sent que Why Hasn’t Everything Already Disappeared ? n’est pas si lumineux que ça. Les textes de Bradford Cox possèdent des relents de fin du monde comme l’atteste le déchirant « What Happens To People ? » ou encore le bien trop expérimental « Détournement » où sa voix est déformée pour dominer sur cette ambiance dérangeante. Se clôturant sur un « Nocturne » où les bidouillages ont de quoi rappeler le regretté Sparklehorse mais avec un final des plus incroyables, Deerhunter continue de se réinventer. Moins planant et plus sophistiqué, on continue d’applaudir l’esprit tourturé de notre frontman préféré et son inventivité qui l’habite.
Note: 8.5/10