Pour ceux qui ont raté les épisodes précédents, Stella Donnelly fut révélée au grand public avec son désormais culte « Boys Will Be Boys » fin 2017 issu de son tout premier EP Thrush Metal (chroniqué ici). Dès lors, la musicienne venue de Perth a réussi à se faire une place sur la scène indie australienne de plus en plus costaude, à un tel point qu’elle a réussi à décrocher un contrat chez Secretly Canadian. Après quelques prestations live, elle est attendue au tournant avec son premier album Beware Of The Dogs.
Arrivée au moment où l’affaire Weinstein éclate et où #MeToo prenne de l’ampleur, Stella Donnelly est considérée comme étant une jeune porte-parole de ce mouvement. Là voici qu’elle combat le patriarcat à travers une plume des plus acides dont « Old Man » où elle n’y va pas de main morte (« You grab me with an open hand, this world is grabbing back at you ») mais également « Season’s Greetings » aux allures dignes de Best Coast et l’insolent « Tricks ». Alternant morceaux entraînants et ballades mélancoliques mais non dénuées d’une conscience sociopolitique (« Mosquito », « Allergies »), l’australienne mène à bien sa mission de mettre ce système du mâle dominant KO.
Mis à part le fameux « Boys Will Be Boys » que l’on connaissait, Stella Donnelly continue d’ouvrir les portes de son jardin secret et détaille les comportements déplacés du mâle dominant avec une pince d’humour tout de même. Et c’est avec des titres teintés d’une touche électronique comme « Bistro », « Die » sans oublier l’audacieux « Watching Telly » où elle se remémore la fois où elle a galéré pour obtenir l’avortement et dénonce l’hypocrisie de cette loi (“I needed someone, they told me I’m wrong/ God loves his children but God loves men, Jesus Christ”). Mentionnons également le morceau-titre au crescendo implacable où elle attaque sans vergogne les bavures racistes et politiques de son pays (“There’s no parliament worthy of this countryside, all these pious fucks taking from the ninety-nine”).
Pour un premier opus, Stella Donnelly impressionne du début à la fin. Entre ballades câlines et escapades indie rock ambitieuses en passant par des sonorités synthpop brillantes, la native de Perth arrive à faire ouvrir les yeux sur le monde à son auditeur de plus en plus averti. Avec une plume teintée de sarcasme, il est clair qu’elle arrive à incarner ce modèle en cette période trouble.
Note: 8.5/10