SASAMI – SASAMI

Tout amateur d’indie rock américain qui se respecte doit avoir croisé SASAMI au moins plus d’une fois dans sa vie. Si vous ne voyez toujours pas (et je ne vous applaudis vraiment pas), sachez que Wild Nothings, Hand Habits, Vagabon ou encore Curtis Harding, la californienne fut impliquée dans tous ces projets en jouant à leurs côtés. Maintenant après avoir quitté Cherry Glazerr où elle avait officié aux synthés, il est temps pour notre Sasami Ashworth de sortir de l’ombre et de briller en solo.

Auteure-compositrice-interprète, musicienne multi-instrumentiste (de la guitare au synthés en passant par le cor) et arrangeuse musicale pour les films et les publicités, la jolie brunette d’origine japonaise à l’humour contagieux sur scène a charmé plus d’un que ce soit sur scène ou ailleurs. Elle avait fait ses prouesses en solo avec ses deux premiers titres énergiques « Not The Time » et « Callous » rappelant quelque peu les ambiances de Souvlaki qui lui ont valu une signature chez Domino Records. Ainsi, ce premier opus est né. Partagé entre indie rock pur et allures dream-pop/shoegaze, on se laisse entraîner dans l’univers riche en nuances que nous propose SASAMI autoproduit aux côtés de son frère JooJoo.

Et elle débute très fort avec un « I Was A Window » résolument onirique conviant Dustin Payseur de Beach Fossils où les guitares et les synthés ne font plus qu’un. Mais on arrive à plonger dans l’histoire personnelle de notre hôtesse qui dédie ces textes à « ceux qui l’ont baisée et à ceux qu’elle avait baisé ». Plus sérieusement tout au long de ce premier opus, elle est à la recherche d’une certaine stabilité et d’une paix dans une relation qu’elle arrive à canaliser sur des morceaux à l’image de « Morning Comes » montant petit à petit en puissance avec ses riffs bien sauvages mais aussi le sombre « Pacify My Heart » riche en reverbs.

Mis à part des moments riches en tension, SASAMI excelle dans des contrées planantes et mélancoliques. On peut citer le hanté « Free » qui comporte une participation plus ou moins remarquée de Devandra Banhart ou encore « At Hollywood » nous laissant en suspens avant de basculer vers un « Jealousy » résolument hypnotique où elle n’hésite à dédoubler sa voix réminiscente de la regrettée Trish Keenan pour en faire une chorale sur le refrain. D’ailleurs SoKo est également de la partie sur les ambiances jazzy du cotonneux « Adult Contemporary » pour relever le tout.

S’achevant sur les épopées synthétiques du nostalgique « Turned Out I Was Everyone », la californienne nous prouve qu’elle reste un des talents les plus précieux qui manquait à cette scène indie rock actuelle. Comme quoi, il faut toujours se fier des gens de l’ombre car ce sont toujours ceux qui sortent du lot et SASAMI en fait partie.

Note: 8.5/10

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