Tacocat – This Mess Is A Place

On connaissait Tacocat comme étant les gentils clowns de la scène bubblegum-punk féminine américaine. C’est avec leurs textes acidulés et sarcastiques qu’elles ont réussi à monter en grade et leurs albums NVM et Lost Time en sont la preuve concrète. Sauf que cette année, l’heure n’est plus vraiment à la rigolade pour le groupe de Seattle comme le montre leur quatrième opus intitulé This Mess Is A Place.

Ayant quitté la structure familiale Hardly Art pour rejoindre le prestigieux Sub Pop, Tacocat aurait juré de vouloir se prendre qu’au sérieux désormais. Comme la grande majorité des groupes indie rock américains, Emily Nokes et ses sbires sont estomaquées par les élections américaines de 2016 et déplorent le sort réservé au pays suite à cela. C’est avec des titres plus policés et plus mélodiques que les trois filles (et le batteur) de Seattle arrivent à transmettre le malaise général comme sur l’introduction « Hologram » où la guitariste clame: « Too much to say, so I don’t say anything / Is numb even a feeling? » avant de se combattre contre cette frustration (« Just remember if you can, power is a hologram »).

Plus surf-pop et jangle-pop que dans le passé, Tacocat n’oublie pas pour autant le côté bubblegum et acidulé qui a fait leur réputation mais il est clair qu’elles atteignent l’âge adulte. This Mess Is A Place veut mettre au sol la confusion, le désespoir et les incertitudes du lendemain suite au climat politique de plus en plus malaisant à travers des morceaux à l’image de « New World » et « Grains of Salt » mais également de « The Joke Of Life » et l’hymne féministe par excellence qu’est « Rose-Coloured Sky » qui ont de quoi défier l’énergie de The Go-Go’s.

En affichant ce visage plus sérieux sur « Little Friend » ou sur « Crystal Ball » (« What a time to be barely alive »), Tacocat signe un de leurs disques pivots de leur discographie. Prenant réellement conscience des enjeux sociopolitiques américains actuels, le groupe de Seattle met en avant leurs engagements féministes pour un résultat peut-être moins coloré mais plus implacable qu’auparavant.

Note: 8.5/10