J’ai beau n’avoir jamais chroniqué Platform de Holly Herndon sur ce site et je m’en veux terriblement mais sachez que ce disque n’a jamais quitté mon chevet pendant de longues années. Il est vrai que la musicienne de San Francisco a étonné son entourage avec sa musique expérimentale mélangeant technologie et organique. Quatre années plus tard, elle récidive dans cette démarche avec son nouvel opus bien audacieux du nom de Proto.
L’idée de ce nouvel opus selon sa principale intéressée est bien complexe. “Proto a connu deux ans et demi de gestation au cours desquels le disque a acquis sa propre vie, dépassant nos plans établis. Ce sont deux projets, le développement d’une intelligence artificielle et la mise en place d’une chorale, que nous avions avec mon partenaire Mat Dryhurst, qui se sont fondus en un.” Ainsi, Holly Herndon a donc mis en place une intelligence artificielle nommée Spawn destinée à réagir au chant humain et à mêler aux voix physiques de la chorale son propre chant numérique.
Le résultat est aux abords de la science-fiction comme l’atteste des titres bien originaux et organiques comme « Alienation » bien intense ou encore le jubilatoire « Eternal » et le terrifiant « Crawler ». Les voix humaines et cybernétiques se mélangent sur des influences à mi-chemin entre folk, techno et computer music entre les loops hallucinés de « Bridge » en compagnie de Martine Syms et de « Frontier » débutant de façon folk astral avant de virer dans le glitch tribal sans oublier le plus mélancolique « Fear, Uncertainty, Doubt ». Des invités de marque sont à souligner comme Lily Anna Hayes et Jenna Sutela sur « Extreme Love » ou bien même Jlin qui pose sa patte sur le très étrange « Godmother » où les premiers babillages d’enfant mutants.
Proto va au-delà de la musique, c’est de la science que tente d’infuser Holly Herndon. Il suffit de plusieurs écoutes pour capter le génie venu d’ailleurs de la musicienne de San Francisco où elle mise tout sur les théories sur l’impact des nouvelles technologies sur la musique actuelle. Assurément un des disques les plus fous de cette année.
Note: 8.5/10