On n’avait plus de signe de vie de la part de Kishi Bashi et son troisième album Sonderlust paru il y a maintenant deux ans et demi (chroniqué ici). Il est fort dommage que le musicien américain d’origine japonaise soit soit sous-estimé de la sorte car à travers ses récits personnels, il ressort toujours des œuvres d’exception. Une fois de plus, il nous le prouve avec l’incroyable Omoiyari.
Moins personnel thématiquement parlant et plus sociopolitique dans les discours, Kishi Bashi donne son avis sur la montée de la white supremacy aux Etats-Unis suite aux élections américaines de 2016 ayant plongé le pays dans le chaos. Profondément affecté par le sort des Américains ainsi que des personnes étrangères vivant sur le sol, il décide de cicatriser cette douleur et ce malaise général en musique. Et pour ce faire, il revient aux sources en nous offrant ses compositions les plus touchantes avec « Penny Rabbit and Summer Bear » qui ouvre le bal ou bien même « Marigold » et « Angeline ».
Omoiyari le verra emprunter des influences plus baroques et moins audacieux qu’auparavant. Un peu comme si Sufjan Stevens de la période Illinois et Fleet Foxes ou bien même Other Lives fusionnait sur des titres aux allures dramaturgiques comme « F Delano » et « Summer of ’42 » où il nous plonge dans des récits dignes des plus grandes épopées de l’histoire de son pays d’origine. Qu’il chante en japonais sur le théâtral « Theme From Jerome (Forgotten Words) » ou que ce soit en instrumental sur le frémissant « A Meal For Leaves », Kishi Bashi ne laissera personne indifférent. Excepté la conclusion country-folk un peu trop légère nommée « Annie, Heart Thief of the Sea » en revanche.
Avec Omoiyari, Kishi Bashi revient aux sources et nous offre son disque le plus touchant et le plus engagé de sa carrière. En ouvrant les grandes pages de l’histoire et en remettant le contexte dans la société d’aujourd’hui, le musicien arrive enfin à faire ouvrir les yeux de son auditeur et nos oreilles avec.
Note: 9/10