Avec ses deux albums, Palehound n’a décidément plus rien à prouver. De son vrai nom Ellen Kempner, la native de Boston réussit à s’imposer sur la scène depuis son second opus A Place I’ll Always Go (chroniqué ici). Mais elle a envie d’encore plus, la preuve avec son troisième et possible meilleur album nommé Black Friday produit par l’incontournable Gabe Wax (Soccer Mommy, Adrianne Lenker…).
Toujours entourée de ses fidèles compagnons Larz Brogan et Jesse Weiss, la chanteuse et musicienne enfonce quelque peu le clou et dévoile une personnalité des plus touchantes sur ce Black Friday. Avec une plume beaucoup plus affûtée qu’auparavant axée sur les relations et des instrumentations moins DIY, Palehound touche dans le mille avec ses compositions 100% indie rock comme l’introduction lancinante nommée « Company » (« And if you quit smoking, will you just start drinking ? », chante-t-elle sous fond de synthés vieillots et de solo de guitare suspendu avant de lancer un « Your mother gets home late, your father’s out of state ») mais encore les plus entêtants « Aaron » et « Killer » plutôt mélodique.
Son interprétation presque chuchotée a de quoi faire parler sa vulnérabilité sans compter que l’on prête beaucoup mieux attention à ses textes. En parlant de textes justement, elle réussit à faire parler le fond de sa pensée sur le poignant « Worthy » où elle explique qu’elle souhaite être respectée dans le monde de l’indie rock féminin malgré sa forte corpulence mais également sur « Bullshit » qui a de quoi faire penser à du Big Thief par moments où les relations amicales peuvent être plus complexes qu’il n’y paraît.
Faisant le grand écart entre bedroom-pop synthétique planante sur « Sneakers » et indie folk des plus rythmés avec « Urban Drip », Black Friday est un panel d’émotions et de sonorités qui arrivent à cohabiter en harmonie, que ce soit des moments plus effrénés (« Stick N Poke ») ou d’autres plus planants et mélancoliques (« The City », « In Town »). Et pour cette raison, Palehound a réussi à émouvoir son auditeur à travers ces douze morceaux aboutis formant un ensemble hétéroclite mais chaleureux et totalement lumineux.
Note: 9/10