Raphael Saadiq – Jimmy Lee

On peut penser ce que l’on veut mais Raphael Saadiq est un des actes les plus sous-estimés en matière de soul moderne. La tête pensante des légendaires groupes Tony! Toni! Toné! et Lucy Pearl n’avait pas publié de disque depuis son adorable Stone Rollin’ paru en 2011. Suite à cela, il s’est mis en pause pour produire et collaborer avec d’autres artistes comme Solange, Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad. Il est temps pour lui de faire son grand retour avec son nouvel opus intitulé Jimmy Lee.

Ses travaux pour les autres artistes ont certainement influencé le virage et la couleur de l’opus tant l’heure n’est plus à la joie. Raphael Saadiq se montre plus émouvant et plus poignant qu’auparavant. Jimmy Lee est un hommage à son frère décédé d’une overdose il y a deux décennies maintenant et la thématique était les addictions aux drogues dans la communauté afro-américaine qui continue de faire des ravages. C’est à travers des titres plus sombres et moins soulful à l’image de l’introduction nommée « Sinners Prayer » qui se veut être un appel désespéré à Dieu tout comme sur « The World Is Drunk », « Kings Fall » et autres « I’m Feeling Love ».

Raphael Saadiq s’éloigne volontairement de la soul qui avait longtemps baigné sa musique pour aller puiser vers le blues, le funk et le gospel notamment sur « Something Keeps Calling » en compagnie de Rob Bacon mais encore « My Walk » et « Glory To The Veins » conviant Ernest Turner. Bien que la dépendance soit un des thèmes principaux de Jimmy Lee, le chanteur et musicien dénonce l’emprisonnement des afro-américains sur le vibrant « Rikers Island » avant de s’achever sur une prière et un appel au secours à Dieu sur l’interlude « Belongs To God » mais aussi sur « Rearview » conviant Kendrick Lamar au refrain. Et c’est ce qui rend ce nouvel album si poignant et si riche montrant le côté multifacettes de l’artiste.

Note: 9/10