Big Thief – Two Hands

Avec leur troisième album U.F.O.F. (chroniqué ici), Big Thief a atteint les sommets de la popularité en matière d’indie rock américain de cette décennie. Le quatuor de Brooklyn mené par la plume toujours aiguisée et touchante d’Adrianne Lenker continue de gravir échelon sur échelon avec cet opus extra-terrestre à un point que l’on pensait qu’ils profiteraient de ce succès. Sauf que surprise, ils reviennent cinq mois plus tard avec leur quatrième opus Two Hands.

Je ne vais pas être original en établissant cette comparaison mais on peut penser U.F.O.F. et Two Hands sont leurs versions de Kid A et Amnesiac en raison de leurs différences au niveau de l’atmosphère. Tandis que U.F.O.F. était remarquable pour son ambiance céleste et presque surréaliste, ce frère jumeau que Big Thief nous présente se veut plus terrestre et brut de décoffrage aussi bien musical que textuel. Dès l’introduction nommée « Rock and Sing », on sent cette approche esthétique différente par rapport à l’opus précédent de l’écriture à la production plus live et où l’on se sent plus proche du groupe que jamais.

Une fois de plus, on se laisse emporter par la voix d’Adrianne Lenker (dont les enregistrements ont été quasiment faites en une prise) ainsi que ses textes toujours poignants et imagés qui sont parfaitement mis en valeur. On peut citer des morceaux indie folk toujours aussi magiques comme « Forgotten Eyes » qui suit ainsi que « Two Hands » et « Those Girls » qui n’en finissent plus de nous émouvoir même si ils pourraient trouver leurs places sur des albums comme Capacity. Et plus le temps passe, plus il y a de l’électricité dans l’air avec les morceaux plus rock que sont « Shoulders » ou le monument « Not » où Adrianne Lenker se lâche définitivement au niveau interprétation avec en prime un solo de guitare des plus endiablés à un tel point que l’on entend des amplis. De quoi rappeler les moments électriques mais riches en émotion de Masterpiece.

Et après la tempête revient le calme avec la mélancolique ballade acoustique nommée « Wolf » ainsi que la virée vers la route 66 de « Replaced » et la conclusion folk nommée « Cut My Hair ». Donc oui, Two Hands est différent de son frère jumeau car on retrouve la spontanéité et le côté terre-à-terre mais ils restent semblables en raison de leur flot d’intensité et d’émotions qui se dégagent sur ces dix titres. Une fois de plus, Big Thief a encore à prouver et ils viennent deux grands disques de l’année 2019. Pari réussi pour le quatuor de Brooklyn.

Note: 10/10