En cette sombre année qu’est 2020, Tricky devait fêter les vingt-cinq ans de son chef-d’oeuvre intemporel et inclassable que fut son premier album du nom de Maxinquaye. Véritable pierre angulaire de la trip-hop qui avait également mis en vedette la somptueuse voix de Martina Topley-Bird, éternelle égérie et ex-femme du bonhomme avec qui il aura une fille Mary Mina Topley-Bird. Malheureusement, cette dernière mettra fin à ses jours l’année dernière laissant le couple qui s’est longtemps séparé complètement orphelins. Voici comment un très grand de la scène trip-hop britannique a établi son deuil bien éprouvant avec son quatorzième disque du nom de Fall To Pieces.
Comme il faut s’y attendre, ce nouvel album ne respire pas du tout la joie et la bonne humeur, bien au contraire. Tricky accouche sa douleur la plus profonde en se mettant étrangement en retrait laissant la sublime voix de Martina… Marta Zlakowska, chanteuse polonaise, exprimer sa peine la plus profonde sur des morceaux étrangement pop et accessibles mais aussi bien torturées et cinématographiques. La voix de Marta qui habille les titres que sont « Thinking Of » qui ouvre le bal mais également « Close Now » et « Fall Please » n’en est que le messager et le musicien est le principal acteur car trop dévasté par ces épreuves de la vie bien trop rudes.
Même si l’on entend que très peu notamment sur « Hate This Pain » (« What a fucking game, I hate this fucking pain, was crying on the coast, baby girl she knew me most ») et sur « Chills To The Bone » (« From the depths of my despair, I can’t wait to meet you there »), Tricky cicatrise sa peine la plus profonde et il en ressort une oeuvre cathartique et bien brute comme à son habitude. On comptera également la participation de la musicienne danoise Oh. Land à deux reprises sur « Running Off » et « I’m In The Doorway » mais ce sont des titres touchants en compagnie de la chanteuse polonaise comme « Take Me Shopping » et « Throws Me Around » qui nous interpellent.
Même si Fall To Pieces s’avère court (28 minutes et 30 secondes pour 11 titres), il va tout de même à l’essentiel. Jamais Tricky nous aura tant ému depuis un bon bout de temps… disons depuis Maxinquaye tellement son cri du cœur s’avère sincère et troublant. Assurément un grand oeuvre pour l’un des architectes du trip-hop made in Bristol.
Note: 7.5/10