Ce n’est plus un secret pour personne mais le retour de Wax Tailor est toujours un événement. Cela faisait plus de quatre années et demi que le célèbre producteur français n’avait pas donné de nouvelles depuis son By Any Beats Necessary (chroniqué ici) et il est clair que son absence se fait ressentir. Et bien pour bien commencer l’année 2021, pourquoi ne pas repartir du bon pied avec son successeur intitulé The Shadows of Their Suns ?
De l’eau a coulé sous les ponts depuis et Wax Tailor reste toujours la référence en matière de trip-hop à la française. Pour ce nouveau disque, le producteur renommé a des choses à dire derrière ses samples qu’il a dépoussiéré à l’occasion afin de faire écho au contexte mondial que l’on traverse en ce moment, entre pandémie mondiale, montée de la suprémacie blanche et injustices infligées à la communauté noire suite aux horribles meurtres de Breonna Taylor, Ahmaud Arbery et George Floyd. D’ailleurs, la pochette nous indique clairement la direction de l’album. Il suffit d’appuyer sur la touche Play pour s’en rendre compte.
Le premier morceau se nomme « Fear Of A Blind Planet » et affiche clairement la couleur avec cette ambiance sombre tout comme « Never Forget » et « On The Air » où la fusion électro-pop et hip-hop instrumental se fait aisément bien que moins percutante qu’auparavant. Wax Tailor dresse l’état d’urgence aussi bien climatique que politique sur The Shadow Of Their Suns et pour ce faire, il sort son carnet d’adresses des plus prestigieux. On retrouve ainsi des bonnes surprises comme Mark Lanegan qui sort de sa zone de confort sur le cinématographique « Just A Candle » ainsi que Rosemary Standley de Moriarty qui nous envoûte sur « Misery ».
Le monde du hip-hop n’est pas en reste avec le duo Del Tha Funkee Homosapien et Mr. Lif, deux légendes du hip-hop underground américain, qui n’ont rien perdu de leur verve sur « Everybody » tout comme la rappeuse Boog Brown qui éveille le consciences de la communauté afro-américaine sur « Shining Underdog » et l’étoile montante D Smoke sur « Keep It Movin ». Par contre, gros bémol pour l’absence de Charlotte Savary, ASM, Voice ou encore Mattic qui ont fait parti de l’aventure nommée Wax Tailor. En revanche, on est ravi d’entendre la voix d’outre-tombe du légendaire et regretté Gil Scott-Heron le temps d’une interlude avec sa diatribe révolutionnaire qui reste intemporelle, peu importe les circonstances. S’achevant sur un « The Light » qui est porteur d’espoir à ce monde en perdition, The Shadow of Their Suns est valable pour son message et son côté urgent qui résonne encore plus aujourd’hui. Si les productions s’avèrent un brin moins percutantes, tout ceci est compensé par la réflexion sur le monde qui a de quoi nous faire ouvrir notre troisième œil.
Note: 7/10