Atili – Misfit

En 2019, Atili avait atteint un nouveau statut avec son huitième disque intitulé Huglife (chroniqué ici). Un des ambassadeurs du courant reggae digital et dub champagne continue son ascension et élargit un leu plus son champ de vision avec l’arrivée de son successeur intitulé Misfit.

Sa collaboration avec Panda Dub l’aura profondément incité à élargir son spectre musical. C’est du moins ce que l’on retrouve sur ce nouveau disque beaucoup plus sombre et plus expérimental où il laisse libre cours aux influences stepper, trap et cloud rap qui se font entendre sur des titres plus aventureux tels que l’entrée en matière nommée « Misfit » et « Trap Out » qui sonnent plus Nowadays Records que Brigante Records. Mais cela montre toute l’ambition du beatmaker tourangeau.

Au niveau des guests, Atili a définitivement dit « Bye Felicia » à Prendy, Art-X ou encore à de grands noms du reggae et dub mais n’a pas oublié son petit frère Biga* Ranx qui joue une fois de plus avec ses modulations vocales sur la production enfumée et psychédélique « 50 Centimes ». Hormis la seule big tune reggae digital extra-terrestre qu’est « Marie Jane » avec Speng Bond, il invite des gens de la scène urbaine comme Yanushja sur « Cloud Chasing » ou encore Jodybiggoot et Lil Slow sur « This Mic » et Biffty qui calque son flow malicieusement à deux reprises sur « Le Binks » et « Fallah ».

Mais la grosse surprise de ce Misfit, ce n’est pas la collaboration savoureuse avec Lidiop qu’est « Dafa Nexx ». Non, je parle du retour du Roi Heenok, t’entends ? Le voilà de retour toujours aussi provoc sur « Durag & Diamant » qui remet son sens de la démesure des années 2000 au goût du jour pour attaquer des put neg’ comme Koba La D. Imaginez si Morsay ou Tonton Marcel poser sur une production de Manudigital ou de Supa Mana, et bien c’est la même ici. Voilà pour la partie délire. Ce qui est sûr, c’est qu’Atili emprunte un virage pour le moins audacieux et expérimental avec ce Misfit bien singulier. Beaucoup d’entre nous iront regretter le côté rêveur et instinctif de ces chefs-d’œuvre précédents comme Bridge Over Troubled Dreams et Cityscape mais le tourangeau continue de faire parler de lui par son savoir-faire et ses ambitions musicales revues à la hausse.

Note: 7.5/10