L’année dernière, Villagers avait fêté ses dix années d’existence. Le projet du musicien irlandais Conor O’Brien était monté en puissance avec une discographie aussi variée que satisfaisante, allant de la pop onirique de Becoming A Jackal aux épopées électroniques d’Awayland en passant par les ballades folk épurées de Darling Arithmetic (chroniqué ici). Moins de trois années se sont écoulées depuis son fédérateur The Art Of Pretending To Swim (chroniqué ici), les voici enfin de retour avec leur cinquième album intitulé Fever Dreams.
Conçu en plein confinement, ceci est l’occasion rêvée pour Villagers d’élargir encore plus son éventail musical. Fever Dreams montre un Conan O’Brien plus aventureux tant il ira examiner au microscope la complexité des sentiments dès le morceau psychédélique « The First Day » au groove jazz prononcé. On pourra en dire de même sur des titres marquants comme « Song In Seven » accompagné d’une chorale soulful pour prendre une dimension plus spirituelle ou bien encore les cuivres somptueux et les rythmiques fluides habillant « So Simpatico » et « Circles In The Firing Line » qui, elle, surprend par sa conclusion frénétique et rock très 90’s tandis que Conor O’Brien répète inlassablement: « I’ve got a date with doom ».
Durant ce Fever Dreams, Conor O’Brien imagine un monde sans COVID où l’être humain laisse les non-dits et les problèmes de côté. En mettant face à nos propres contradictions, Villagers arrive à sortir de la norme avec ses compositions ambitieuses telles que « Momentarily » frôlant les allures gospel ou encore la ferveur free-jazz de « Restless Endeavour ». Il n’empêche que le musicien irlandais creuse le sillon musicalement avec des mini chefs-d’œuvre instantanés comme « Full Faith In Providence » et le final somptueux nommé « Deep In My Heart » menés au piano et accompagnés de chœurs féminins de haute volée.
Fever Dreams marque une nouvelle étape dans la discographie de Villagers. Plus ambitieux et plus psychédélique que jamais, Conor O’Brien maintient sa plume à un haut niveau qui arrive à se conjuguer à une richesse de sonorités. Assurément son magnum opus à ce jour.
Note: 10/10