Tirzah – Colourgrade

En 2018, Tirzah avait mis tout le monde d’accord avec son premier disque nommé Devotion (chroniqué ici). La chanteuse britannique ainsi que sa collaboratrice Micachu a étonné son auditoire pour des terrains plus épurés qui mettront en valeur son interprétation et ses textes si personnels. De l’eau a coulé sous les ponts depuis et la voici de retour trois ans plus tard avec son successeur nommé Colourgrade. Et on ne change pas une équipe qui gagne !

Beaucoup de choses se sont passées pour notre Tirzah car elle a goûté une seconde fois à la maternité. Ce qui lui a permis d’avoir une autre perspective de la vie comme l’atteste ses compositions plus viscérales qu’à l’accoutumée. Colourgrade est le jumeau maléfique de Devotion en appuyant un peu plus sur les touches électroniques et avant-gardistes, comme le prouve le morceau-titre introductif rêche plantant parfaitement le décor mais aussi d’autres perles intimistes mais surprenants de noirceur comme « Tectonic » et « Recipe ».

En chantant toutes les complexités de la maternité, Tirzah rayonne sur des compositions sombres et hypnotiques telles que « Hive Mind » conviant de nouveau Coby Sey, le temps d’un duo angoissant, mais également la triptyque « Beating », « Sleeping » et « Crepuscular Rays » aux textures grésillantes et étouffantes. Colourgrade met en avant l’interprétation toujours aussi flegmatique et désintéressée de notre hôtesse qui survole avec facilité les productions aliénesques de Micachu avant de retrouver des ambiances cotonneuses sur « Send Me » et « Sink In ».

Après un « Hips » définitivement onirique, Tirzah continue de nous impressionner. La chanteuse londonienne aura de nouveau réussi à prendre de court son auditoire en nous offrant un Colourgrade plus expérimental sans jamais tomber dans le piège de l’exagération tout en racontant les différents périples de la matérnité. Une œuvre complète, sincère et touchante comme on en demandait tant.

Note: 9/10