Il aura fallu d’un premier disque pour que Bartees Strange s’élève de la masse. L’auteur-compositeur-interprète, musicien et producteur originaire de Washington a mis tout le monde d’accord avec Live Forever (chroniqué ici) qui lui a permis d’exploser. Dès lors, toute l’écurie indie rock américaine se l’arrache, de Harmony Woods à Proper en passant par (*soupir*) Phoebe Bridgers ou encore Courtney Barnett. Maintenant qu’il a acquis un statut solide, l’heure est venue pour lui de confirmer et c’est avec son successeur nommé Farm To Table qu’il compte nous convaincre de nouveau.
Il s’agit de son premier album en major, à savoir 4AD que je ne présente plus. Ce qui n’empêche pas pour Bartees Strange d’élargir encore plus ses horizons tout en restant fidèle à ses origines. Sur Farm To Table, il continue de s’ouvrir à nous avec des titres plus incisifs que jamais dont « Heavy Heart » et « Mulholland Dr » notables pour ce contenu émotionnel digne de Harmony Woods ou de Proper.
Sur Farm To Table, la plume de Bartees Strange se veut plus diversifié que jamais. Aussi personnel qu’engagé, son statut d’inconnu à celui de superstar de l’indie rock ne l’a pas empêché de garder la tête froide malgré tout. Plus concis et moins hétéroclite que Live Forever, il n’hésite pas à distiller quelques éléments électroniques (l’interlude glitch de « We Were Only Close For Like Two Weekds ») sur des compositions à la frontière de l’emo notamment avec « Cosigns », « Hold The Line » ou bien avec « Escape This Circus ». Mais l’aspect notable de ce projet est le côté soulful qu’il a su garder intact avec les derniers morceaux plus vulnérables et mélancoliques tels que « Black Gold » et « Hennessey » aux airs gospel viendront rappeler qu’il n’a pas oublié ses racines. Et c’est ce qui fait une fois de plus la force de ce projet aussi bien dense qu’intrigant dont seul Bartees Strange a le secret.
Note: 9/10