Vous voulez un coup de vieux pour bien commencer cette chronique ? Cette année, Interpol fête les vingt ans de son premier et cultissime album Turn On The Bright Lights. Personnellement, je voue un culte à ce disque tellement il a changé ma vie comme jamais. Mais le sujet n’est pas ce classique mais au septième album du trio new-yorkais qui s’intitule The Other Side Of Make-Believe faisant suite à quatre années de silence radio.
Étrangement, Marauder, le précédent album du groupe produit par l’incontournable Dave Friedmann, était loin d’avoir fait l’unanimité à cause du mixage bien trop brut et bien trop bourrin (chroniqué ici). De ce fait, Paul Banks, Daniel Kessler et Sam Fogarino tentent de rectifier le tir avec un The Other Side Of Make-Believe plus hypnotique et plus arrangé. Et pour ce faire, ils ont fait appel à Flood et à Alan Moulder aux manettes pour ce disque enregistré en distanciel et en plein confinement.
Le premier titre se nomme « Toni » où l’on entre dans un univers plus contemplatif avec ce piano qui domine l’ensemble et ces arrangements en toute retenue. Très rapidement, on comprend qu’Interpol privilégie la délicatesse mais cela n’empêche pas aux guitares hurlantes et entêtantes de Daniel Kessler et des martèlements de batterie de Sam Fogarino de résonner mais de façon plus mélodieuse avec « Fables » et le crescendo prenant de « Into The Night » avant de se laisser surprendre par des épopées aussi bien jazzy que post-punk avec « Something Changed ». On note également l’interprétation de Paul Banks plus en retrait mais plus chargé en émotions mais cela ne lui empêche d’être en osmose avec les arrangements élégants de « Mr. Credit » ou bien encore de « Passenger » et de « Greenwich » rappelant The National par moments.
Vous l’avez compris, The Other Side Of Make-Believe s’avère plus mesuré et moins incisif que ces deux précédents albums. On appréciera également les tours de passe-passe inventifs de « Gran Hotel » avec un final dantesque et de la conclusion mélodique et touchante de « Go Easy (Palermo) ». Il est clair que l’on était en droit d’attendre des hymnes bien percutants tels que « Evil » ou encore « PDA » ou « The Rover » sur ce disque mais cela n’empêche pas pour Interpol de creuser de nouveaux sillons montrant que les new-yorkais continuent d’entretenir leur légende de la plus belle des manières.
Note: 7.5/10