Yo La Tengo – This Stupid World

On est tous d’accord pour dire que le retour de Yo La Tengo est toujours un événement dans l’indiesphère. Les titans de l’indie rock américain ont prouvé qu’ils n’ont rien perdu de leur verve avec leur prédécesseur nomme There’s A Riot Going On (chroniqué ici) qui fut une sacrée œuvre. Après un disque instrumental presque anecdotique paru quelques années plus tard, il est l’heure pour les vétérans de marquer de nouveau leur territoire avec un seizième album nommé This Stupid World.

Ayant senti le vent tourner, Georgia Hubley, Ira Kaplan et James McNew retroussent leurs manches pour une nouvelle aventure musicale absolument hors du commun. This Stupid World est une sorte d’ode à l’improvisation musicale où Yo La Tengo laisse la musique venir d’elle-même dès le départ avec « Sinatra Drive Breakdown » qui est une longue litanie lancinante où le duo Hubley/Keplan nous ensorcelle sur des influences à mi-chemin entre krautrock et shoegaze. Très vite, le trio nous met sens dessus dessous avec des morceaux plus crus à l’image de l’émouvant mais mélodique « Fallout » contrastant avec le plus nocturne et noisy « Tonight’s Episode » où les rythmiques krautrock reprennent le devant.

This Stupid World renoue avec les ambitions musicales de Yo La Tengo nous offrant un voyage plein de contrastes. On se laisse emporter par la voix divine de Georgia Hubley sur la langoureuse ballade nommée « Aselestine » avant qu’Ira Kaplan ne prenne le dessus sur l’inquiétant et crépusculaire « Until It Happens » où sont convoqués les cloches, les congas et autres bandes inversées pour installer une ambiance malaisante mais aussi sur « Apology Letter » beaucoup plus libérateur. Yo La Tengo souffle le chaud et le froid à la perfection avec également les plus tortueux « Brain Capers » se terminant dans un déluge noisy et le morceau-titre bien anxiogène avant de retrouver un peu de sérénité et de mélancolie avec « Miles Away » en guise de clôture libératrice.

En fin de compte, This Stupid World est une très grande oeuvre de la part de Yo La Tengo où les improvisations musicales donnent naissance à quelque chose de magistral. En contemplant un monde qui part à sa perdition, ce virage plus cru ressort les qualités mélodiques du trio qui sont devenues leur maître mot. On voit défiler à toute allure chaque paysage en musique et chaque univers que le groupe confectionne avec tant de réussite et c’est en ce sens que je le classe dans mon Top 5 des meilleurs disques du groupe et je ne suis pas stupide en pensant cela.

Note: 9.5/10