Qu’on le veuille ou non, Lonnie Holley reste un phénomène dans le monde musical. Figure célébrée de l’art contemporain, il a réussi à mettre tout le monde d’accord avec sa discographie des plus singulières et qui s’ajoute avec son troisième disque en major du nom de Oh Me Oh My.
Une fois n’est pas coutume, Lonnie Holley continue de nous surprendre en élargissant un peu plus ses horizons. L’artiste originaire d’Alabama raconte sa propre histoire en exposant son passé parsemé d’embûches, que ce soit dès le départ avec cette mélodie aquatique de « Testing » où cette fusion entre blues, afrofuturisme et jazz grabbag continue de nous ensorceler avant de nous faire frémir sur « Earth Will Be There » et sur « Mount Megs » où il rappelle avec un texte puissant comment l’école fut sa prison.
Définitivement avant-gardiste avec cette fusion entre l’organique et le synthétique, Lonnie Holley nous offre un large panel musical pour distiller ce qu’il a vécu, entre mantras philosophiques et bribes autobiographiques sous fond de racisme institutionnalisé bien ancré dans son Alabama natal. Qu’il soit seul sur des compositions mettant des sueurs froides (« Mount Meigs », « Better Get In The Crops Soon ») ou accompagné avec la poétesse Moor Mother sur le groove mutant et vibrant « I Am A Part Of The Wonder », Michael Stipe que je ne présente plus sur le morceau-titre fantomatique ou bien encore Bon Iver sur « Kindness Will Follow Your Tears » et la somptueuse voix de Rokia Koné sur « If We Get Lost They Will Find Us », cette épopée thérapeutique et prophétique n’en finit pas de nous faire frissonner.
Il ne manquera plus que la présence divine de Sharon van Etten sur « None Of Us Have But A Little While » et du guitariste Jeff Parker sur l’aérien « I Can’t Hush » pour que l’on se laisse emporter par cette cérémonie solennelle et avant-gardiste dont seul Lonnie Holley a le secret. Plus qu’un disque, Oh Me Oh My est un véritable plaidoyer qui prendra une tournure universelle et ô combien méditative.
Note: 8/10