Yaeji – With A Hammer

Yaeji, quant à elle, fait son retour et elle est furieuse. Celle qui a réussi à se démarquer de la concurrence depuis 2017 avec des sorties légendaires en a gros sur la patate par les temps qui courent. Voyant son quotidien totalement bouleversé suite à la pandémie qui est survenue pendant la parution de sa première mixtape nommée WHAT WE DREW (chroniqué ici), elle était obligée de se confiner comme 99% de la population mondiale. Et forcément, cette expérience a généré de la rage et de la frustration comme l’atteste son véritable premier album qui s’intitule With A Hammer.

Se sentant oppressée dans cette prison intérieure où ses tourments, ses angoisses et ses blessures du passé l’ont torturé pendant ces dernières années, Yaeji a décidé de fracasser les murs de cette prison en musique avec son marteau. A travers ces treize nouveaux morceaux, la productrice américano-coréenne se sentait obligée de se libérer de tous ses traumas et de faire parler sa rage à sa façon. With A Hammer s’ouvre sur des titres électro-pop colorés et infectieux à l’image de « Submerge FM » qui ouvre le disque mais également de « Fever » aux allures trip-hop où elle crache sa haine envers le racisme anti-asiatique dont elle a été victime mais aussi le fétichisme des hommes cis blancs qui en a découlé ainsi que de l’introspectif « Passed Me By ».

Ce qui étonne sur ce premier album est la diversité des genres pour montrer son aspect hétéroclite de Yaeji qui continue de se dévoiler à nous. On pense notamment à « For Granted » aux débuts électro-pop sucrées à un final plus drum’n’bass ou bien encore aux allures hyperpop de « Michin »  avec Enayet où elle alterne le coréen et l’anglais afin de provoquer le label d’A.G. Cook d’en face ainsi que technoïdes avec « Happy ». Impossible de ne pas penser aux influences un brin jazzy sur le méditatif « I’ll Remember For Me, I’ll Remember For You »ou encore plus IDM avec les grosses basses de « Ready Or Not » en compagnie de K Wata et du groove contemplatif de « 1 Thing To Smash » conviant Loraine James qui feront la richesse de ce With A Hammer.

Moins ludique et plus percutant que ses précédentes oeuvres, Yaeji réussit à sortir du lot avec un melting-pot absolument impressionnant. La DJ/rappeuse/productrice américano-coréenne s’ouvre à nous sans pudeur en nous dévoilant sa facette plus introspective et un brin plus ténébreuse où elle arrive à briser les barrières qui l’ont retenu depuis bien trop longtemps.

Note: 9/10