Quand Mogwai n’est pas occupé à créer des albums mémorables ou à signer des bandes-originales, Stuart Braithwaite multiplie les side-projects comme bon lui semble. On se souviendra de son side-project Minor Victories en 2016 comprenant entre autres Rachel Goswell (Slowdive) et les frères Justin et James Lockey (Editors, Hand Held Cine Club) qui a donné naissance qu’à un seul album pour le moment (chroniqué ici). Et bien cette année, il présente Silver Moth où il convie également des têtes moins connues, à savoir Evi Vine, Elisabeth Elektra, Mathew Rochfordand (Abrasive Trees), Steven Hill, Ben Roberts, Ash Babb (Burning House, Academy Of Sun) avec un premier album à la clé du nom de Black Bay.
Les sept musiciens font parler leurs talents respectifs afin de créer une sorte d’osmose. Silver Moth oscille ainsi entre post-rock atmosphérique et dream-pop gothique riche en sensations fortes qui débute avec un « Henry » plantant un décor solennel et cinématographique où on se laisse emporter par la voix d’Elisabeth Elektra absolument éthérée, à mi-chemin entre Liz Fraser et Hope Sandoval. Avec cette montée en puissance riche en murs de guitares électriques assourdissants, il ne fait aucun doute: on retrouve quelque chose de Mogwai au niveau de la construction musicale avant d’atterrir sur un nuage de douceur et de mélancolie. Le périple se poursuit avec « The Eternal » plus mystique et étrangement lumineux qui est un hommage à un proche d’Elisabeth Elektra et de Stuart Braithwaite ainsi qu’avec « Mother Tongue » beaucoup plus psychédélique faisant de ce Black Bay un moment d’exception.
La seconde partie de l’album s’avère plus sombre et plus pesant avec un « Gaelic Psalm » aux textures presque médiévales avec ce spoken-word ténébreux qui nous procure d’innombrables frissons. Mais la véritable pièce de résistance est bien évidemment « Hello Doom » qui nous tiendra en haleine pendant quinze bonnes minutes avec cette fusion entre le chamanisme, la puissance et la densité qui font écho. La voix éthérée arrive à s’élever sur ces orchestrations noisy et psychédéliques qui nous font frémir avec cette sensation que le monde est en train de s’écrouler sous nos yeux et nos oreilles curieuses avant de retrouver une paix inattendue. Un grand moment d’exception, vous dis-je !
Il ne manquera plus qu’un « Sedna » hypnotique et haletant pour prouver que Silver Moth n’est pas qu’une extension musicale de Mogwai. Même si on retrouve les murs de guitare qui ont fait la renommée du légendaire groupe de post-rock, ce voyage musical est riche en sensations fortes où la beauté convie la puissance et la furie qui côtoie la mélancolie du plus bel effet.
Note: 8/10