Personne ne pouvait anticiper le grand virage musical qu’a entrepris Waxahatchee avec Saint Cloud (chroniqué ici). Paru lorsque la pandémie a éclaté, Katie Crutchfield a apporté un nouveau souffle dans sa musique en s’éloignant des terrains indie rock pour aller flirter auprès des influences Americana et alternative country avec beaucoup de réussite. De l’eau a coulé sous les ponts depuis et l’heure est venue pour elle d’enfoncer le clou avec son successeur tant attendu du nom de Tigers Blood paru quatre années plus tard.
Assumant définitivement ce virage alternative country/Americana, Waxahatchee continue de nous attendrir avec son périple vers la sobriété et la sérénité. Elle s’ouvre à nous dès les premières notes de « 3 Sisters » résolument langoureux où elle capture les pensées qui le parcourent (« I make a living crying, it ain’t fair and not budging […] All my life I’ve been running from what you want », chante-t-elle) avant de prendre le large avec des compositions somptueuses à l’image de la rayonnante « Evil Spawn » qui suit et contrastant avec la plus électrique « Ice Cold ». Une nouvelle vie pour la native de Birmingham qu’elle a choisi malgré ces obstacles qu’elle doit affronter malgré tout.
Toujours aussi bien entourée avec Brad Cook derrière les manettes, Katie Crutchfield pourra aussi compter sur l’aide du toujours aussi talentueux MJ Lenderman que je ne présente plus. On le retrouve sur le magnifique duo nommé « Right Back To It » définitivement roots dans l’âme traitant des derniers jours d’un couple qui se défait jour après jour (« If I swerve in and out of my lane, burning up an old flame, turn a jealous eye […] I’ve been yours for so long, we come right back to it ») avant que la musicienne ne prenne le dessus sur des moments introspectifs et rustiques à l’image du paisible et spacieux « Burns Out At Midnight » ainsi que le printanier « Bored » avec cette montée en puissance magistrale.
Il ne fait aucun doute que Tigers Blood soit un disque thérapeutique où Waxahatchee contemple son passé afin d’aller de l’avant, comme elle le souligne sur des perles célestes telles que « Lone Star Lake » mené au banjo ou bien encore « Crowbar ». Entre la ballade acoustique minimaliste qu’est « 365 » et le morceau-titre des plus angéliques en guise de conclusion, elle rayonne de plus en plus avec ces influences Americana qui lui vont à ravir. Loin d’être un Saint Cloud 2, on retrouve une Waxahatchee plus affirmée et plus lucide tandis qu’elle s’empare avec brio de son nouveau quotidien en condensant ses états d’âme de la manière la plus lucide qui soit.
Note: 10/10