Waxahatchee – Saint Cloud

Le burn-out. On y est tous confrontés un moment ou à un autre. Que ce soit moi ou un autre. On y passe de temps à autre et on ne peut rien y faire. Juste savoir comment rebondir afin de se ressourcer. C’est exactement ce qui est arrivé à Waxahatchee qui nous explique comment elle est revenue de loin avec ce qui est, et là je le dis clairement, son véritable chef-d’oeuvre nommé Saint Cloud.

Tout le monde connait Katie Crutchfield comme étant la musicienne originaire d’Alabama et résidant à Philadelphie qui subit pas mal d’échecs amoureux. Elle en parle de long en large sur des disques comme Cerulean Salt (qui fut son meilleur album à ce jour) mais également Ivy Tripp (chroniqué ici) et Out In The Storm (chroniqué ici). Mais c’était également la musicienne (sœur jumelle d’Allison Crutchfield) qui fut accro à la binouze pour tenir le choc. A un tel point qu’elle a atteint un point de non retour en tournée et décidé de s’éloigner de la scène pour prendre du recul et de partir à la source avec un EP en guise d’un soi-disant « au revoir ». Ainsi, tels sont les origines de Saint Cloud produit par Brad Cook (The Staves, William Tyler, Hiss Golden Messenger).

La madame Kevin Morby a décidé de ne plus écrire sur ses ruptures amoureuses (vu qu’à ce stade, ça a l’air d’être plus solide) pour se rapprocher de ses racines du Sud des Etats-Unis. Fini donc les influences indie rock et grunge ainsi que le pessimisme qui ont régné ses albums précédents. Direction Alabama, sa terre de naissance où elle fut bercée par la musique folk, americana et alternative country où Loretta Lynn et Lucinda Williams, ses héroïnes des temps modernes, jouaient durant sa tendre enfance. Cette métamorphose musicale est bien retranscrite sur des morceaux acoustiques et bucoliques comme « Oxbow » et « Can’t Do Much » où la voix claire et touchante de notre hôtesse est parfaitement mise en avant.

Tout au long de Saint Cloud, Waxahatchee raconte qu’elle revient de loin et à quel point la sobriété lui a permis d’ouvrir les yeux une bonne fois pour toutes avec « Fire » où elle signe un de ses plus beaux textes (“And when I turn back around, will you drain me back out/Will you let me believe that I broke through ?”, chante-t-elle sur le refrain) ainsi que le frissonnant « Lilacs » et « The Eye » avec un refrain dans un style très Bluegrass. Avec l’aide de son backing band où l’on retrouve deux membres de Bonny Doon, Katie Crutchfield domine et surmonte ses épreuves avec une aisance folle et une plume des plus bouleversantes que ce soit sur les envoûtants « Hell » et « War » à l’énergie pourtant si lumineuse poursuivie par ses petites influences à la Real Estate sur « Arkadelphia » et la touchante ballade piano-voix laissant une grande part à l’émotion.

Saint Cloud est une sorte de journal de bord qu’a entamé Waxahatchee pour poursuivre son statut de rédemption. En se rapprochant de ses racines americana, elle réussit à nous émouvoir en parlant de son passé trouble afin de vivre un avenir plus apaisé avec un songwriting qui fait mouche. Donc oui, n’ayons pas peur des mots, elle s’est surpassée et nous a offert sa véritable pièce maîtresse de sa discographie, n’en déplaise aux fans de Cerulean Salt.

Note: 10/10