Lulu Van Trapp – LOVECITY

Lorsque Lulu Van Trapp avait débarqué dans nos ondes en 2021 avec leur premier album nommé I’m Not Here To Save The World (chroniqué ici), ce fut la consécration pour eux. Le quatuor parisien mené par Rebecca (chant, claviers), Max (guitare), Manuel (basse) et Nicolas (batterie) a connu une incroyable ascension grâce à leur réputation scénique engagée, survoltée et haute en couleurs mais aussi avec leur fusion musicale aussi bien kitsch que soulful toujours aussi efficace. Maintenant qu’ils ont atteint de nouveaux sommets, on avait hâte de savoir ce qu’ils allaient nous réserver pour ce successeur qui s’intitule LOVECITY.

De l’eau a coulé sous les ponts et beaucoup de choses se sont passés pour nos Lulus adorés. A force de voyages et de rencontres, le quatuor parisien a quelque peu changé de fusil d’épaule et décide d’embrasser les foules de toutes contrées. LOVECITY raconte cette communion qui peut donner naissance à l’amour, l’attachement mais aussi le détachement et toute la complexité de notre ego, comme l’atteste le titre bien punchy du nom de « l’amour et la bagarre » avec son clip bien sanglant qui a fait parler de lui. Les influences se font un brin plus pop et plus électroniques avec l’interprétation plus autotunée de Rebecca qui retranscrit avec brio cette époque bien tourmentée en quête d’échappatoire notamment sur les fiévreux « l’enfer avec toi » ainsi que sur « geisha » qui est un parfait hymne à l’empowerment féminin et à la réappropriation du corps féminin.

Il faut se rendre à l’évidence, Lulu Van Trapp n’est plus cette bande de joyeux lurons complètement délurés que l’on a connu sur leur premier album. Les propos sont plus graves et l’ambiance musicale électronisée avec « metal hero » visant cette société trop individualiste et égocentrique responsable de ce manque de cohésion sociale avant de nous toucher avec des ballades lancinantes telles que « la ballade de maori » interprété par la voix grave de Max détaillant une histoire d’amour à l’agonie avant de retrouver Rebecca sur un « pornbooth » trouble racontant une histoire ambiguë entre une cam girl et un usager avide de cybersexualité. Impossible de ne pas frissonner lors des écoutes de « toujours la même », hymne à la solitude et à la dépression, mais aussi de « devour » et de « never love again » où on sent que le quatuor se lamente d’un manque de solidarité et de nous alerter à ce sujet.

En y voyant de plus près, LOVECITY semble être un disque concept détaillant une dystopie faisant terriblement écho à notre époque actuelle. Plus obscur que jamais, Lulu Van Trapp réussit à nous surprendre avec cette facette plus grave mettant en lumière cette génération connectée en manque d’amour et d’air pur.

Note: 7.5/10