A la fin de l’été 2022, nous étions tombés sous le charme de Bibi Club avec leur premier album nommé Le soleil et la mer (chroniqué ici). Le duo montréalais composé d’Adèle Trottier-Rivard (chant, percussions, claviers), ancienne membre de Les Guides, et de Nicolas Basque (guitare) avait remporté tous les suffrages grâce à leur pop psychédélique résolument poétique et claire-obscure leur ayant valu plusieurs récompenses à la clé (Espoir 2023 au GAMIQ 2022, Révélation ADISQ 2023…). En ce printemps, notre duo adoré frappe de nouveau fort avec Feu de Garde.
Reprenant là où ils se sont arrêtés deux ans plus tôt, Bibi Club transportera son auditoire vers des contrées aussi bien oniriques que mystiques. Bien évidemment, le duo montréalais creuse le sillon de leur synthpop minimaliste teinté de dream-pop psychédélique doux-amer et de post-yéyé avec des compositions taillées sur mesure nous accueillant dans leur monde où les contrastes cohabitent harmonieusement. Entre la douceur de l’interprétation d’Adèle Trottier-Rivard qui narre cette insouciance de façon gracieuse et les riffs aiguisés de Nicolas Basque faisant écho aux arrangements nocturnes des allures post-punk de « Parc de Beauvoir » mais également des hypnotiques « Shloshlo » et « you can wear a jacket and a shirt » plus onirique, Feu de Garde saura nous mettre en transe.
Bien évidemment, il est question à la fois de communion avec la nature et d’éléments qui sont mis en lumière avec « La Terre » contrastant au plus dansant mais électrique « L’eau ». Et même si Bibi Club marche quelque peu sur les pas de Blonde Redhead ou encore de Stereolab (pour info, je ne me remettrais jamais de leur reprise de « Orgiastic » en live, quel délice…) et de Moondog notamment lors des écoutes de « Les guides » prenant des allures petit à petit shoegaze, on sent que le duo expérimente avec beaucoup de réussites avec des grooves incandescents sur la folle déclaration d’amour qu’est « L’île aux bleuets » montant crescendo divinement. On y décèle un petit quelque chose de Young Marble Giants et de Marine Girls, voire même Jean Leloup notamment lors des escapades poétiques de « Nico » et de « Rue du repos » en guise de délicieuse conclusion.
Une autre preuve qu’avec Feu de Garde, Bibi Club assène de nouvelles sonorités à travers cette épopée musicale qui peut sembler minimaliste mais ô combien accrocheur, poétique et résolument cristallin. Du grand art !
Note: 8.5/10