Bright Eyes – Five Dice, All Threes

Le retour de Bright Eyes est toujours un événement quoi qu’on en dise. On avait laissé le groupe en bonne compagnie avec un précédent album audacieux du nom de Down In The Weeds, Where The World Once Was ayant mis un terme à une décennie d’absence (chroniqué ici). Maintenant qu’ils sont désormais aux premiers rangs, Conor Oberst et sa bande sont finalement attendus au tournant car voici venir leur successeur tant attendu du nom de Five Dice, All Threes.

Pour ce dixième album, Bright Eyes décide de voir les choses en grand tout au long de ces treize compositions bien intenses et riches en surprises. Five Dice, All Threes reprend là où Down In The Weeds, Where The World Once Was s’est arrêté avec un côté à la fois plus frontal et plus intense qui fait des merveilles lors des écoutes de « Bells & Whistles » plantant le décor de ce nouvel album (« You shouldn’t place bets on the New York Mets cause at best it’s hypocritical […] Bells and whistles, fancy cheap thrills cost a lot », chante-t-il) tout en rappelant que l’imprévisible peut se passer à n’importe quel moment. On citera également des moments somptueux tels que les sautillants « El Capitan » convoquant les cuivres dignes de John Prine ou encore « Trains Still Run On Time » contrastant avec les plus introspectifs « Bas Jan Ader » avec cette mélodie au piano rappelant quelque peu « Til The Morning Comes » de Neil Young et « Tiny Suicides » s’achevant en larmes qui viendront appuyer cette thématique des différents hasards que l’on peut rencontrer dans nos vies.

Bien évidemment, l’imprévu est plus que présent sur ce nouveau disque de Bright Eyes en commençant par les invités. On retrouvera ainsi la légendaire Cat Power sur l’harmonieux et émouvant « All Threes » mais également Matt Berninger de The National le temps d’un « The Time I Have Left » hanté et enivrant sans oublier Alex Orange Drink qui viendra apporter une énergie punk sur l’électrique et survolté « Rainbow Overpass ». L’imprévisible est aussi notable au niveau des arrangements notamment l’apparition surprise des scratches sur « Spun Out » aux changements de rythme inattendus ou des inspirations plus classiques avec les épurés « Real Feel 105° » et « Tin Soldier Boy » en guise de conclusion élégante. Et c’est à cela que l’on reconnaît tout le charme du trio mené par la voix toujours aussi inimitable de Conor Oberst donnant naissance à un nouveau disque à la fois ambitieux et réconfortant.

Note: 8/10