Franz Ferdinand – The Human Fear

J’ai longtemps cru pendant quelques années que Franz Ferdinand allait être de l’histoire ancienne. Après les avoir vus sur scène il y a deux années de cela, je pensais que le légendaire groupe écossais allait faire sa tournée d’adieu après avoir publié un best-of. Mais c’est sans compter sur l’énergie toujours aussi infaillible de la bande à Alex Kapranos qui semble de nouveau revigoré avec l’arrivée de leur nouvel album qui s’intitule The Human Fear paru en début d’année.

La question est de savoir si Franz Ferdinand allait revenir aux bases plus électriques comme leurs albums fédérateurs comme You Could Have It So Much Better en 2005 ou comme Right Thoughts, Right Words, Right Action en 2013 ou plus électroniques comme Tonight en 2009 ou leur prédécesseur Always Ascending en 2018 (chroniqué ici). Moi, je pense que la question elle est vite répondue lors des premières notes du tonitruant « Audacious » où Alex Kapranos et sa bande repartent sur des chemins plus Britpop avec une légère touche sixties peu déplaisante même si parfois un peu trop pompeuse. Selon les dires de notre auteur, The Human Fear est une exploration de nos angoisses permanentes et comment cerner notre peur dans ce monde bien anxiogène et il en est question lors des écoutes du groove downtempo de « Everydaydreamer » et du plus percutant (et quelque peu drôle) « The Doctor » où les riffs imparables côtoient les synthés typés new wave qui suivent.

Un autre aspect notable de The Human Fear est sa production. Franz Ferdinand pourra ainsi compter sur l’expertise de Mark Ralph qui avait déjà officié sur Right Thoughts, Right Words, Right Action où chaque détail, chaque note est sublimée et mise en avant tandis que chaque instrument s’exprime et brille comme jamais. C’est d’autant plus notable sur les accrocheuses « Build It Up » très sautillante ou encore « Hooked » où Alex Kapranos déclare sa flamme à Clara Luciani évitant de très près la formule cucul la praline mais également les rythmiques torrides de « Cats » et de « Bar Lonely » qui pourraient trouver leur place sur leur second album prouvant qu’ils jouent à fond la carte de la nostalgie. Lorsque le groupe écossais sort de sa zone de confort, cela donne des moments inouïs comme les romantiques « Black Eyelashes » avec son intro joué au bazooki et notable pour son ambiance klezmer comme une sorte de clin d’œil aux racines d’Alex Kapranos et la pop très 60’s dans l’âme de « Tell Me I Should Stay » ayant de quoi rappeler de Lee Hazlewood.

Bien évidemment, The Human Fear n’est pas sans ses lacunes notamment « Night Or Day » qui manque quelque peu de surprises par exemple. On aurait également aimé plus d’enthousiasme, plus de ferveur et plus de fureur qui aurait rendu ce nouvel album beaucoup plus mémorable que jamais mais cela n’empêche pas à Franz Ferdinand de s’ouvrir une cure de jouvence au moment où on ne s’y attendait pas.

Note: 7.5/10