Depuis son grand retour en 2021, Ben Kweller a rappelé qu’il n’a rien perdu de sa superbe. L’auteur-compositeur-interprète texan était revenu « d’entre les morts » avec son album nommé Circuit Boredom sorti en catimini mais qui vaut malgré tout son pesant d’or. On le sentait vouloir revenir dans le game et ce malgré les obstacles. Un terrible obstacle a eu lieu dans sa vie personnelle et qui aura inspiré son nouvel album nommé Cover The Mirrors.
Pour celleux qui s’en souviennent, le fils de Ben Kweller nommé Dorian décède tragiquement d’un accident de voiture en février 2023 alors qu’il n’avait que 16 ans. Les aficionados savent à quel point il était très attaché à sa famille donc on peut facilement penser que cela paraît être un deuil insurmontable. En ce sens, Cover The Mirrors est un disque de deuil très déchirant où notre protagoniste exprime son désarroi. On entend un long soupir comme si on est préparé à être submergé par un torrent d’émotions à travers cette sublime ballade menée au piano et aux cordes du nom de « Going Insane » en guise d’introduction. Une entrée en matière toute en sobriété de cette envergure, on en redemande.
Cette douloureuse introspection se poursuit avec un « Dollar Store » comprenant Waxahatchee aux chœurs et à mi-chemin entre Wilco et Smashing Pumpkins, avant de s’achever sur un maëlstrom électrique mais également avec des ballades douces-amères telles que « Trapped » et « Park Harvey Fire Drill » ou encore plus psychédélique avec la presque spatiale « Killer Bee » en compagnie de The Flaming Lips. On parcourt les étapes du deuil de Ben Kweller en musique allant de la peine la plus profonde avec la bien nommée « Depression » en compagnie de Coconut Records absolument émouvante aux ruminations sur l’éprouvant « Don’t Cave » en passant par la colère sur le très heavy « Optimystic » presque punk-rock dans l’âme. Et petit à petit, les souvenirs de l’être aimé refont surface à travers des compositions un brin insouciantes (mais non dénuées de tristesse) telles que « Brakes » et « Letter To Agony » contrastant avec la plus fougueuse « Save Yourself ».
Après un « Oh Dorian » un brin jovial où l’on retrouve MJ Lenderman avec ses arrangements si remarquables, Ben Kweller signe un magnifique disque de deuil qu’est Cover The Mirrors. On retrouve ainsi un songwriting beaucoup plus poignant et thérapeutique mais réussit à en faire une épopée musicale remarquable prouvant que derrière la tragédie réside une beauté que seul le musicien texan arrivera à cerner avec beaucoup d’élégance et d’émotion.
Note: 8.5/10