caroline – caroline 2

Souvenez-vous lorsque caroline s’est imposé sur la scène avec un premier album du même nom trois années plus tôt (chroniqué ici). La formation londonienne a envoûté le monde entier avec cette incroyable fusion entre post-rock, pop de chambre et soupçons emo leur ayant permis de gravir des échelons. Après ce succès d’estime tant bien mérité, ils passent la seconde avec leur sequel qui s’annonce tout aussi épique que leur premier.

Très vite, caroline reprend du galon à travers ces huit nouvelles compositions qui s’annoncent épiques. La formation continue de nous impressionner en établissant une musique ambitieuse évitant les sentiers battus tout en conservant les mélodies fédératrices et immersives. C’est notamment le cas dès le départ avec la quelque peu surprenante « Total euphoria » où les gutares sont hors tempo et savamment triturées tout comme les percussions décalées et ces voix enchanteurs prenant de l’ampleur avant de nous plonger dans un maëlstrom étrangement maîtrisé mais ô combien intense. Une sorte de chaos organisé où l’on se plongera les yeux fermés avant de laisser place à un « Song Two » (qui n’est pas une reprise du classique de Blur) où les cordes frémissantes mènent la danse mais prouve que caroline sait organiser à la perfection les tensions permanentes tout en insistant sur les ruptures et les silences afin de mieux accueillir le mystérieux.

C’est en s’éloignant stratégiquement des relents slowcore pastoral du premier album pour aller puiser vers des territoires plus ambitieuses et plus expansives que jamais. Et autant vous dire que c’est la caroline party vu que caroline n’hésite pas à inviter Caroline Polachek (ça fait beaucoup de Caroline là, non ?) continuant de s’éloigner de son univers hyperpop sur les allures slacker de « Tell me I never knew that » presque désabusé et langoureux dans l’âme mais ô combien vibrant où les cuivres côtoient les cordes tantôt pincées tantôt frottées et ses textures vaporeuses tandis que ses paroles sont utilisées comme des mantras (« Tell me I never knew that » et « It always will be, it always happens » riches en émotion) afin de mieux nous hypnotiser. Le morceau suivant « When I get home » viendra enfoncer le clou en termes d’ambitions musicales où ils réussissent à cohabiter les influences folk pastorales et harmoneiuses en premier plan avec un beat presque club totalement suffoquée en arrière-plan mais qui s’associent à merveille, comme si la nostalgie des clubs est de nouveau peaufinée par le glitch et les intervalles de temps. Et petit à petit, on découvre que la formation londonienne a ce don de convoquer cette mélancolie avant que n’intervienne « U R ONLY ACHING » avec cette construction digne de Black Country, New Road presque post-rock et symphonique avant de nous entraîner dans des terrains plus macabres et expérimentales presque glitch avant que n’interviennent les voix autotunées.

Fort heureusement, caroline ne se lance pas dans une reprise de Coldplay sur le titre suivant car on imagine facilement les explorations langoureuses dignes de Sufjan Stevens tout comme sur l’élégiaque « Two riders down » où la force collective rayonne de plus belle avant de s’achever sur le très bien nommé « Beautiful ending » où les voix trafiqués, les cordes et les drones ou field recordings se retrouvent et s’amplifient petit à petit afin de s’effacer lentement pour jeter son regard vers l’ailleurs. Il en résulte un second essai discographique absolument vertigineux prouvant que la formation londonienne réussit à sortir de leur zone de confort pour mieux redéfinir leurs ambitions musicales prouvant que l’accidentel et l’intentionnel se confondent malicieusement. Où le désordre assumé qui dévaste tout sur son passage côtoie des passages très maîtrisés tout comme la fragilité s’allie avec la détermination: tel est le leitmotiv musical de caroline.

Note: 9/10