Ah la la, elle nous a laissé de sacrés bons souvenirs notre Hindi Zahra ! La chanteuse franco-marocaine a charmé son monde avec son premier album autoproduit Handmade en 2010 contenant entre autres le délicieux tube « Beautiful Tango ». Succès immédiat oblige mais bien mérité car l’album sorti dans une vingtaine de pays s’est écoulé à plus de 135.000 exemplaires, ce qui lui a valu une récompense au Prix Constantin en 2010 et une autre aux Victoires de la Musique dans la catégorie Musiques du Monde en 2011. Bref, tout roulait pour elle jusqu’à ce qu’elle disparaisse tout doucement de la circulation; la dernière fois que l’on a entendu parler d’elle, c’était sur le duo « Sword + Gun » avec le crooner soul/jazz José James en 2013, extrait de l’album de ce dernier intitulé No Beginning, No End. On se demandait sérieusement ce qu’elle était devenue jusqu’à ce qu’elle revienne cette année avec un second opus intitulé Homeland, et n’y voyez aucune référence à la série américaine et toute la clique de Carrie Mathison.
Et qu’on se rassure, la belle n’a rien perdu de sa verve bien au contraire. Après sa tournée mondiale de 400 dates qui a duré 2 ans et demi, elle s’est ressourcée au Maroc, sa terre natale pour se reposer et préparer en douceur ce second album. C’est donc très inspiré qu’elle revient, où elle arrive à faire un mélange entre diverses cultures musicales. Où le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Europe occidentale et l’Amérique Latine s’associent pour n’en faire qu’un. On retrouve sur le titre d’ouverture « To The Forces », où elle convie le légendaire guitariste touareg Bombino, non seulement cette mélange de cultures (le blues touareg se mélange aux influences folk) mais également le charme de Handmade qui a séduit plus d’un.
Ce voyage entre différents univers se poursuit avec les chaloupés « Silence » et « Can We Dance » qui penche vers le bossa nova, « La Luna » et « Cabo Verde » chantés en amazigh (langue des Berbères) puisent clairement dans les influences orientales, même si la dernière établit un lien direct entre la musique arabo-andalouse et la musique cap-verdienne. Bien sûr, la légèreté du premier opus ne s’est pas estompée, loin de là. La preuve avec les envoûtants « Any Story », « Broken Ones » et « Un jour » (seule chanson de l’album chantée en français) où elle nous berce avec sa voix mélancolique mais suave et une instrumentation riche mais limpide.
Vous l’aurez compris, Hindi Zahra a parfaitement tissé des liens entre différentes couleurs musicales sur Homeland, plus produit et audacieux que son prédécesseur. Voici donc un opus qui invite au voyage sans réel atterissage et sans frontières. Un incroyable tour de force en somme.
Note: 8.5/10