A chaque année son lot d’artiste/groupe révélation de l’année et Gengahr est clairement au-dessus du lot. Ce quatuor londonien est composé de Felix Bushe (chant, guitare), John Powder (guitare), Hugh Schulte (basse) et de Danny Ward (batterie) et est tout juste récent car il s’est formé qu’en 2013 juste après avoir publié leurs premières démos à la fin de cette année et a, par la suite, sorti un premier single « Powder » en octobre 2014. Alt-J les remarque alors et les prend sous leur aile en les invitant à faire leur première partie de la tournée. Après avoir acquis une certaine popularité et après voir distillé de multiples singles sur la toile, le quatuor présente enfin son premier album A Dream Outside produit par James Bragg.
Au niveau des influences du groupe, on peut citer Ride, Radiohead période The Bends/OK Computer, Youth Lagoon, Tame Impala, Unknown Mortal Orchestra, MGMT et bien évidemment Alt-J. Je peux facilement faire un parallèle entre ces derniers et Gengahr pour ses envolées mélodiques et lyriques vers une atmosphère surréaliste mais intriguant. Leur pop psychédélique haut de gamme et addictive se caractérise par des distorsions de guitare agressives du plus bel effet qui surprend toujours à chaque écoute. Alors oui, on connaissait déjà presque la moitié de la tracklist d’A Dream Outside par cœur mais peu importe. Cela fait toujours un bien fou de retrouver les titres qui ont révélé Gengahr, on ne va pas bouder notre plaisir.
« Dizzy Ghosts », à mi-chemin entre freak folk et rock tonitruant, ouvre le bal et plante aisément le décor d’A Dream Outside. On retrouvera tout au long de ce disque pas mal de titres avec la structure couplets pop/refrains puissants avec quelques envolées de guitares électriques sur des titres comme les entraînants « Where I Lie » et « Heroine » sans oublier les riffs de guitare furieux qui emportent tout sur son passage comme sur « Embers » ainsi que le puissant hymne nommé « Powder » aux allures de garage rock parfaitement bien cadencé. Et on peut applaudir les prestations de John Powder sur ces monuments du disque qui effectuent un travail foutrement efficace. A côté de ces perles soniques, on déniche des moments plus pop comme « She’s A Witch » avec son refrain très MGMT, l’envoûtant et aquatique « Bathed In Light », la très mélodique et harmonieuse « Fill My Gums With Blood » ainsi que la conclusion aérienne et gentillette « Trampoline » qui vous mettront sur un petit nuage. Au milieu du disque, on retrouvera ainsi l’instrumental smooth « Dark Star » aux rythmiques presque hip-hop prouvant que Gengahr sont des sacrés bons musiciens n’ayant pas froid aux yeux.
Au final, rien n’est à jeter sur ce premier opus réussi et très inspiré. En 35 minutes chrono, la voix falsetto et sensible de Felix Bushe, les prouesses guitaristiques de John Powder, les lignes de basse malicieuses de Hugh Sculte et les sublimes rythmes de Danny Ward ont réussi à capter les recettes faisant mouche dans les années 1990 et 2000 pour un résultat à la fois audacieux et facile d’accès. Gengahr a délivré un des albums majeurs de cette année 2015 pour sa recherche sonore impeccable sans artifices et sans complexe.
Note: 9/10
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