Anthony Joseph – Caribbean Roots

anthony-joseph-couv-caribbean-roots

En quatre albums, Anthony Joseph est la valeur sure du spoken word made in Trinidad-et-Tobago. Sa présence charismatique et si remarquable, sa plume riche et poétique ont fait de lui un des artistes les plus originaux du moment. Et je dis pas ça parce que c’est le sosie du rappeur Common, non non, simplement qu’il possède un charisme indéniable. Deux ans après l’audacieux Home composé et produit par Meshell Ndegeocello, l’artiste et poète britanno-trinidadien opère un nouveau tour de force avec un cinquième album Caribbean Roots paru sur le label Strut Records et placé sous le signe du retour aux sources.

Comme son nom l’indique, Anthony Joseph explore ses racines caribéennes de long en large. Et pour que la magie fasse effet, il a convié le percussionniste Roger Raspail (Papa Wemba, Césaria Evora…), sans oublier Shabaka Hutchings (The Heliocentrics) au saxophone, Yvon Guillard (Magma) à la trompette, Mike Clinton (Salif Keita) à la basse, Pierre Chabrèle (Creole Jazz Orchestra) au trombone sans oublier Andy Narell au steel pan. C’est son second album sans son Spasm Band ceci dit au passant mais peu importe, on se laisse tantôt bercer par la douceur venu des Caraïbes avec des titres envoûtants comme « The Kora » où ambiances blaxploitation et locales font bon ménage, le tropical « Neckbone » ou encore les envoûtants « Brother Davis (Yanvalou) » tantôt frissonner sur des titres plus dynamiques comme « Jimmy, Upon That Bridge », « Mano O Mano » frôlant l’afrobeat sans oublier le frénétique « Drum Song » au solo de batterie bien endiablé.

Une fois de plus, le poète nous enivre avec ses contes modernes où il a croisé la route de différentes personnes au Trinidad-et-Tobago. Mais à la différence de ces prédécesseurs, c’est qu’il y a un degré d’intensité plus important au niveau de sa voix. Il n’hésite surtout pas à pousser la chansonnette sur le chaloupé « Our History » ou sur le refrain de « Neckbone ». Quoi qu’il en soit, l’effet hypnotique est toujours au rendez-vous et ce ne sont pas des titres métissés et maîtrisés comme « Powerful Peace » et autres « Caribbean Roots » qui nous diront le contraire. Et pour couronner, une interlude résolument calypso placé en fin d’album suffit pour bien insister sur le thème principal de ce nouvel album.

C’est donc le second opus sans son Spasm Band et Anthony Joseph montre qu’il est toujours à son plus haut niveau. Caribbean Roots est un souffle venu tout droit des cotes caribéennes et on se prend une bonne bouffée tropicale à l’écoute de ces onze nouveaux titres ensoleillés comme on aime. Peu importe le registre, le poète est parfaitement à l’aise.

Note: 7.5/10