Cette année, The Veils fête ses 15 années d’existence et a connu un parcours plus que respectable. En quatre albums, le quintet londonien s’est fait une réputation pour leurs compositions sombres et leurs textes désespérés. Et il n’y a aucune raison que ça ne change sur leur cinquième opus Total Depravity co-produit par El-P, moitié de Run The Jewels.
Dès le premier titre « Axolotl », on rentre directement dans l’ambiance avec son atmosphère malsaine et ses influences électro minimalistes et froides: l’univers de The Veils n’est pas des plus rassurants, ça c’est sur. Mais très vite, on change d’ambiance avec les accents Western spaghetti de « A Bit On The Side » sans oublier « Low Lays The Devil » où on apprivoise le style familier du groupe réminiscent de l’album Nux Vomica dix ans plus tôt.
La différence notable entre ses prédécesseurs et Total Depravity, c’est l’omniprésence des claviers et autres sonorités électroniques sur les compositions flamboyantes du groupe avec explosions de guitare et de batterie au programme. On peut citer, par exemple, le rock indus « King of Chrome » avec Finn Andrews s’essayant au spoken-word ainsi que le rock psychédélique bien ténébreux de « Here Come The Dead ». Et entre les deux résident tout de même une légère accalmie comme les ballades paisibles « Swimming Through The Crocodiles », « In The Blood » (sans oublier son crescendo bouillant) et « Iodine & Iron ».
Dans les deux cas, les compositions sont sublimées par des arrangements complexes et la voix de Finn Andrews plus sensible qu’à l’accoutumée. Et c’est ce qui fait de Total Depravity un disque empruntant carrément le côté obscur, à l’exception de l’excellente ritournelle blues/soul « Do Your Bones Glow At Night ? » faisant intervenir des voix féminines sur le refrain ou encore la conclusion éponyme électro dansante. Grâce à l’apport d’El-P, The Veils a réussi à se réinventer totalement.
Note: 8/10