L’an dernier, nous avons fait la connaissance des révélations Anderson .Paak et Knxwledge. L’alchimie inattendue mais incroyable entre les deux protagonistes a donné naissance au duo NxWorries et à un très bon EP Link Up & Suede, paru fin 2015 (chroniqué ici). Ceci fut le prémice de leur futur premier album à paraître cette année. Mais entre temps, Anderson .Paak a cartonné avec son premier album Malibu (chroniqué ici) et dès lors, tous les rappeurs se l’arrachent, à un tel point que Dr. Dre himself le signe sur son légendaire label Aftermath (ce qui est légitime car le chanteur-rappeur est apparu sur l’album come-back du docteur). Maintenant que la hype autour de Malibu a quelque peu cessé, il est temps pour nos deux californiens de présenter enfin leur Yes Lawd !, leur premier album studio toujours sur le label Stones Throw.
La voix chaleureuse et éraillée du prodige d’Oxnard s’associe à merveille aux instrus soulful et calibrés aux samples dépoussiérés du beatmaker talentueux Knxwledge (pour rappel, il a signé l’excellente production de « Momma » de Kendrick Lamar). Et c’est avec merveille que l’on retrouve ce mélange entre R&B contemporain, neo-soul et hip-hop à travers ces 19 titres si l’on compte l’introduction de tonnerre. Très vite, on s’y habitue avec les morceaux triomphants comme « Livvin » frôlant le gospel, « Wngs », l’atmosphère feutrée de « Kutless » et autres « Kutless » qui défilent à toute allure et sans temps mort.
Alors qu’on a le plaisir de retrouver les sonorités madlibiennes de « Link Up » et le titre riche en sensualité « Suede » (« Yes Lord ! ») avec son refrain déjà culte (« If I can call you a bitch, it’s because you’re my bitch ») qui ont tout à fait leur place, NxWorries est un très beau condensé de hip-hop/neo-soul où Anderson .Paak s’avère être touchant lorsqu’il s’agit de parler des relations amoureuses, comme sur « What More Can I Say » où il se met dans le rôle d’un homme infidèle qui cherche à conquérir sa bien-aimée, lorsqu’il nous raconte son enfance pas très rose et son parcours tortueux sur « Get Bigger / Do U Luv » ou lorsqu’il implore la puissance divine sur le spirituel « Khadija ». Mention spéciale à l’hommage au morceau « Won’t Do » de feu J Dilla sur le titre « Sidepiece » où il se permet de chanter le refrain. D’ailleurs, le spectre du légendaire producteur ainsi que de Madlib est omniprésent à travers les instrus (le très éloquent « Can’t Stop » qui contient aussi un sample d’un épisode de Rick & Morty) car on retrouve toute l’essence de la Black Music des années 1960 à aujourd’hui à travers des morceaux comme « Scared Money », « Starlite » ainsi que « Another Time », et ça met du baume au cœur.
19 morceaux en 48 minutes, tout ceci est suffisant pour se faire un avis (très) positif sur le premier album de NxWorries. Entre la voix et les textes sincères d’Anderson .Paak que l’on prendrait pour évangile (même si il n’atteint pas exactement le même niveau colossal de Malibu) et les instrus riches et créatifs de Knxwledge, on acquiesce ou on hoche la tête à chaque seconde. C’est comme si Madvillainy, Slum Village et Voodoo de D’Angelo se rencontraient et nous donnait un premier album incroyablement smooth, avec la touche de Stones Throw qui va avec. Après l’écoute de cet album, on a juste envie de crier à pleins poumons: Yes Lawd !
Note: 9/10