Beaucoup connaissent Romain Lallemant comme étant le chanteur du défunt groupe Rhum For Pauline. Après avoir donné naissance à un album en 2015 (chroniqué ici), le groupe nantais a décidé de mettre un terme à cette aventure musicale bien prometteuse l’année suivante. Et depuis, les membres du groupe s’éclatent de leur côté et c’est donc au tour de Romain de présenter son projet solo nommé Lenparrot qu’il a mis en marche ces deux dernières années avec ses deux EPs. Cette année, il est attendu au tournant avec son premier album intitulé And Then He.
Ne s’éloignant pas réellement de l’univers musical de son ancien groupe, Lenparrot nous ensorcelle avec sa pop minimaliste teinté d’électro douce et soyeuse sans oublier sa voix doucement haute perchée bien caractéristique qui a fait sa petite réputation à travers des titres célestes à l’image de « 3 », le funèbre « Spidermouth » ainsi que le progressif « Woe Betide You » avec le piano, les claviers et les percussions mis en avant où il s’en sort à merveille. Tout repose sur les plaisirs charnels à travers And Then He, à un tel point que sur « My Gardener » où il use du vocoder en incarnant un personnage qui est accusé d’être surpris en pleine masturbation sur un portrait d’Alec Baldwin ou une certaine dramaturgie s’installe à travers ce morceau, tout comme sur « Nowhere Slow ».
Bien sur, ce And Then He ne brillerait pas sans son carnet d’adresses. Lenparrot a eu la classieuse idée d’inviter à trois reprises le groupe rennais Juveniles sur les trois premiers morceaux de l’album que sont l’introduction sensuelle et cérébrale « Monday Land » ainsi que le plus mélancolique « The Boy With The Golden Smile » et l’introspectif « Inner Smile » qui flirtent avec la synthwave sombre des années 1980. On retrouve également Julien Gasc sur le très cinématographique « Masculine » aux sonorités que n’auraient reniés David Lynch mais aussi le super-prodige Chassol sur « Vincent » où il réussit à faire voyager son auditeur dans une fiction plus que passionnante. Et n’oublions pas non plus le classieux « Ur Boat » qui convie aux chœurs Fishbach, Michelle Blades, Cléa Vincent et Juliette Armanet (mais où sont Laure Briard et Clara Luciani, par contre ?).
Tout ceci est suffisant pour se dire que l’on a affaire à un grand oeuvre maîtrisé qui s’achève avec le morceau-titre divisé en deux parties: une première partie instrumentale presque expérimentale avec ses synthés cosmiques avant de laisser place à une seconde partie plus organique avec un piano qui prend le dessus et Lenparrot qui tente de terminer son récit passionnant en répétant: « And then he… and then he tried…« . Un peu comme si il nous invitait à conclure son récit à sa place. Quoi qu’il en soit, Lenparrot a plutôt réussi la première épreuve de l’aventure solo avec un premier album osé, efficace et terriblement touchant.
Note: 8.5/10
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