Mélissa Laveaux – Radyo Siwèl

L’année 2018 est également placée sous le signe du grand retour de Mélissa Laveaux. En effet, tous les cinq ans, l’auteure-compositrice-interprète canadienne d’origine haïtienne vient nous envoûter à chaque sortie d’album. On se souvient tous de son second album Dying Is A Wild Night en 2013 contenant ses désormais cultes « Postman » ou encore « Pie Bwa ». Cette année, elle refait un grand saut avec son troisième opus intitulé Radyo Siwèl entièrement interprété en créole haïtien.

Avec l’aide du trio français reconnu du nom d’A.L.B.E.R.T., à savoir Vincent Taurelle, Ludovic Bruni et Vincent Taeger ainsi que du musicien trinidadien canadien Drew Gonsalves de Kobo Town, Mélissa Laveaux décide de reprendre le répertoire de la chanson classique et traditionnelle créole du siècle dernier — principalement les chansons de l’occupation américaine d’Haïti de 1915 à 1934 remis au goût du jour. Résultat, on est plus qu’agréablement surpris par le résultat avec les versions déjà mémorables de « Lè Ma Monte Chwal Mwen », « Nan Fon Bwa » que l’on n’arrêtera pas de fredonner encore aujourd’hui mais encore « Kouzen » et « Tolalito » résolument pop et rafraîchissant à mille lieues de ses univers blues, soul et folk qu’elle s’est forgée jusqu’ici.

Que ce soit sur le carnavalesque « Jolibwa » ou sur les morceaux plus lo-fi comme « Twa Fey » et « Legba Na Konsole », la musicienne fait honneur au répertoire qu’elle revisite, allant des regrettés Martha Jean-Claude à Emerante de Pradines décédée depuis quelques semaines environ. Ce festival musical riche en guitares et en couleurs fait effet et atteint son apogée avec les sonorités quelque peu orientales de « Nibo » quasi-indie rock ainsi que la conclusion rock’n’roll vintage de « Panama Mwen Tombe » qui dérive vers les allures salsa en plein milieu de morceau pour plus de bonheur donnant des airs de générique de fin.

Pour ce troisième album, Mélissa Laveaux était attendue au tournant et bien évidemment, Radyo Siwèl n’est pas seulement une célébration de la culture haïtienne mais également un moyen nécessaire d’éveiller les consciences. En raison des controverses générés par la présidence de Trump qui a récemment qualifié les pays africains mais aussi haïtiens et autres de « pays de merde », ce troisième opus, selon son auteure, « c’est un épisode de l’histoire d’Haïti, c’est de la chanson haïtienne, mais le thème de l’envahisseur est universel ».

Note: 8.5/10