Depuis le début de cette décennie, Parquet Courts n’arrête pas de monter en puissance. Révélés au grand public en 2012 avec Light Up Gold, le quatuor de Brooklyn s’est imposé en tant que maître avec leurs désormais classiques Sunbathing Animal en 2014 et Human Performance deux ans plus tard (chroniqué ici). L’année dernière, nous avions été touchés par la grâce avec l’album solo d’un des meilleurs paroliers du groupe A. Savage (chroniqué ici) ainsi que l’album collaboratif avec le compositeur italien Daniele Luppi comptant des collaborations avec Karen O (chroniqué ici). Et non, ils ne sont toujours pas fatigués bien au contraire, ils sont toujours aussi réveillés avec leur nouvel album intitulé Wide Awake !
La bande d’A. Savage et d’Austin Brown a décidé d’emprunter de nouvelles sonorités dans leur punk-rock brut et incisif et pour cela, ils ont fait appel à celui que je ne présente plus désormais: monsieur Danger Mouse à la production. Dès que son nom fut dévoilé pour la production, beaucoup de doutes furent levés, à savoir: Parquet Courts va-t-il subir le même sort que The Black Keys, à savoir devenir un groupe de pop-rock générique et aseptisé ? Dès les premières notes de « Total Football », toutes nos suspicions se sont dissipées car on retrouve le punk qui a fait leur fond de commerce, à savoir des riffs acérés et un chant toujours aussi insolent de la part d’A. Savage qui met la lumière sur l’individualisme contre la collectivité mais également ses positions politiques bien utopiques.
La patte de Danger Mouse à la production est bien subtile tandis que Parquet Courts va élargir sa palette musicale avec les accents hip-hop saccadés à la Beastie Boys sur « Violence » qui porte bien son nom mais encore les ambiances americana-slacker de « Mardi Gras Beads » contrastant aux moments plus carnavalesques du morceau-titre où l’on aurait juré entendre du Gang of Four s’ambiancer au carnaval de Rio sans oublier les ambiances western du très original « Back To Earth ». Là où l’on retrouve des compositions garage racés et enragés dignes du quatuor comme « Almost Had To Start A Fight/In and Out of Patience », « NYC Observation » ou encore « Normalization » s’exprimant sur les tueries de masse, le groupe dévoile son côté nostalgique avec le mélancolique « Before The Water Gets Too High » avec ses claviers vintage, la folk psychédélique aux sonorités très Lynyrd Skynyrd de « Freebird II » et la space-rock sublime de « Back To Earth ».
Malgré ses relents de nihilisme, Wide Awake est sans conteste l’album de Parquet de Courts le plus rassembleur et le plus diversifié avec un A. Savage qui sort de ses gonds avec ses textes toujours aussi bien taillés comme jamais et son interprétation à la Joe Strummer sans oublier la production de Danger Mouse qui ne dénature jamais la musique des new-yorkais. Ce qui est sur, c’est qu’ils sont bien réveillés pour nous inviter à rejoindre la danse et nous aussi.
Note: 8.5/10