Il y a deux ans, Bombino a touché le sommet avec son troisième album Azel (chroniqué ici) solidifiant une fois de plus sa réputation. Le guitar hero de la scène blues touareg n’a désormais plus rien à prouver et continue à monter en puissance avec ses contemporains Tinariwen, Imarhan ou encore Les Filles de Illighadad. Et ce n’est pas pour rien qu’il continue sur sa lancée avec l’arrivée de son quatrième album tant attendu répondant au nom de Deran (« souhait » en langue tamasheq).
Contrairement à ses prédécesseurs qui furent enregistrés aux Etats-Unis, ce nouvel opus sonne comme un retour aux sources pour le meilleur guitariste touareg au monde. Enregistré en 10 jours chrono à Casablanca, il abandonne l’idée de se faire produire par des pointures du rock indé américain car après Dan Auerbach et Dave Longstreth, il a préféré laisser son propre manager Eric Herman produire ce disque. Et ainsi, on voit donc l’enfant rebelle d’Agadez se rapprocher un peu plus de ses racines à travers des morceaux desert-rock bluesy bien rutilants et rythmés que sont « Imajghane (The Tuareg People) », « Tenesse (Idleness) » et « Oulhin (My Heart Burns) » où il fait preuve de ses prouesses guitaristiques tant il ressasse ses souvenirs et ses combats toujours aussi positifs.
Bien évidemment, sa musique reste toujours autant métissée et fait preuve de quelques incursions reggae (ou plutôt devrais-je dire du touareggae comme le souligne sa propre bio) qui est loin de nous déplaire avec notamment « Tehigren (The Trees) » divisé en deux parties avec une première partie chaloupée et une seconde plus explosive et endiablée mais également « Tamasheq (The Tuareg Language) » où les applaudissements rythmés, les youyous, les chœurs s’en donnant à cœur joie ainsi que son riff entraînant sont de sortie. Au milieu de ces morceaux électriques, Omara Moctar a eu la bonne opportunité d’utiliser sa guitare acoustique pour mieux nous envoûter lui ainsi que ses chœurs à travers des moments on ne peut plus intimistes comme « Deran Deran Alkheir (Well Wishes) », « Midiwan (My Friends) » ainsi que de la conclusion « Adouagh Chegren (At The Top Of The Mountain) ».
En quatre albums, Bombino continue à être au top de la scène blues touareg locale. Il ne fait aucun doute que le guitar hero du désert continue à nous transmettre des vibrations locales tout en s’ouvrant un peu plus sur le monde et à nous partager son vécu sans pudeur et avec authenticité. Deran le verra encore propulser au rang de superstar de cette scène qui monte de plus en plus en puissance car de plus en plus concentrée.
Note: 8.5/10