Toro Y Moi – Outer Peace

Toro Y Moi nous avait dévoilé sa facette la plus sensible avec son album Boo Boo en 2016 (chroniqué ici). Le génie de la chillwave nous a rappelé qu’il avait un cœur au milieu de sa créativité sans faille et a même révélé deux jeunes pousses de la scène indie rock américaine que sont Madeline Kenney et Tanukichan. Pour ce début d’année, il revient à la charge avec un nouvel opus plus branché et plus direct intitulé Outer Peace.

L’idée principale de ce nouvel album, selon Chaz Bear, est de s’intéresser à la pop culture et de voir à quel point nous sommes aliénés par cette pop culture et les réseaux sociaux ne faisant rien pour arranger les choses. Pour ce faire, Toro Y Moi vise plus large que sa chillwave pour s’inspirer de plus en plus par la musique actuelle comme la house catchy de « Ordinary Pleasure » qui a de quoi rappeler les excentricités de Beck ou de Thundercat sans oublier le déluré « Freelance » faisant penser à du Todd Terje avec sa voix qui est volontairement modifiée.

Entre le beat pulsatif et les synthés planants de l’introduction « Fading » et les sonorités so smooth de « New House », Toro Y Moi ose le grand écart. On est en droit de penser à du Ross From Friends sur « Who I Am » ou à du migos avec ses triplet flows de « Monte Carlo » conviant WET. D’ailleurs, en parlant de guests, on peut citer le retour de la duchesse ABRA qui ensorcelle le planant « Miss Me » mais encore l’artiste Instupendo qui pose sa patte sur la ballade électro pianotée de « 50-50 » rendant ce Outer Peace plutôt explosif mais parfois décousu par moments.

Nul ne peut nier que ce nouvel album de Toro Y Moi est un disque manquant parfois de cohésion. A trop vouloir rendre hommage aux effluves disco-house, au label Ed Banger et DFA, aux influences hip-hop modernes des années 2010, l’ex-pionnier de la chillwave a emprunté un virage stylistique bien radical qui n’est pas toujours bien amorcé contrairement à Neon Indian il y a quelques années de cela par exemple. Mais cela suffit amplement pour que chacun trouve son compte en raison de ses morceaux diversifiés dominés par des rythmiques addictives.

Note: 7/10