Andrew Bird – My Finest Work Yet

Le retour du printemps est souvent placé sous le signe du retour de musiciens/groupes identifiables à cette saison. On pense souvent à Bibio mais aussi à Andrew Bird. Cela faisait maintenant trois ans pile que nous étions sans nouvelles du musicien prolifique de Chicago avec son dernier album Are You Serious (chroniqué ici) comptant également des contributions de Fiona Apple. Trois années se sont écoulées donc et le voici de retour avec ce qu’il prétend être My Finest Work Yet.

Avec un titre aussi vaniteux que celui-là, il est en droit d’attendre à ce que l’américain résidant désormais à Los Angeles nous en mette plein les oreilles. Avec My Finest Work Yet (produit par Paul Butler) à la pochette recréant le fameux tableau de David, La Mort de Marat, Andrew Bird place la barre très haute en nous offrant dix morceaux de pop de chambre ambitieuse et doucement orchestrale. S’ouvrant sur un « Sisyphus » de haute volée, le musicien nous embarque dans un périple ambitieux et solaire avec également le plus jazzy « Bloodless », « Cracking Codes » ou bien même l’organique « Fallorun » où chaque arrangement est soigné de façon surprenante.

Auteur-compositeur-interprète, fin arrangeur, musicien multi-instrumentiste et même siffleur professionnel (oui, on l’entend siffler à plusieurs reprises), Andrew Bird brille plus par ses textes qui fustigent à tout va la situation politique et sociale américaine de ces derniers temps. Il n’y a qu’à juger le texte cinglant de l’inoffensif « Bloodless » mais également « Proxy War » et de « Manifest » sans oublier la conclusion nommée « Bellevue Bridge Club » qui fait énormément écho au mouvement #MeToo (« And I will you hold you hostage, make you part of my conspiracy/You know there is no you without me, I will exploit you »). Autre que ses attaques politiques face au gouvernement, le musicien reste pas moins talentueux et des morceaux comme « Archipelago » montrant ses prouesses au violon et « Don The Struggle » en sont légions.

La pochette est symbolique sur tous les points. C’est un peu ce que la tête que l’auditeur lambda fait à l’écoute du nouvel album d’Andrew Bird car subjugué par tant de beauté mais également notre protagoniste complètement dépassé par ces bavures politiques américaines qu’il dénonce de façon orchestral et inoffensif. Malgré quelques moments peu originaux qui s’égarent, on est peut-être en droit de penser qu’il n’a pas tort à nommer son disque avec ce titre-là (même si The Mysterious Production Of Eggs en 2005 lui reste supérieur, je sais, je fais ma mauvaise langue).

Note: 8.5/10