Il y a deux années de cela, on s’est pris une grosse claque avec ce premier album de Priests que fut Nothing Feels Natural (chroniqué ici). Paru pendant l’inauguration de Donald Trump, le quatuor post-punk bien brutal venu de Washington était venu balancer leur cocktail molotov à la face d’une Amérique plongée de plus en plus dans le conservatisme et la white supremacy. Deux années plus tard, ont-ils encore la rage dans le ventre avec The Seduction of Kansas ? C’est ce que nous allons voir.
Le désormais trio CEO de leur label Sister Polygon Records veut nousprouver tout au long de ce The Seduction of Kansas (inspiré de l’ouvrage What’s The Matter With Kansas ? de Thomas Frank) qu’ils ne se cantonnent pas qu’à un seul genre. Lorsque l’on écoute des morceaux bien novateurs et sucrés comme l’introduction nommée « Jesus’ Son » où Katie Alice Greer joue les provocatrices de service (« The day I walked on water, the shrapnel ricocheted/Said, ‘Baby give it to me, Savior I’m how the West was won ») ou bien encore le morceau-titre pop fuzzy, on se dit que le groupe de Washington veut élargir sa palette sans pour autant perdre de son mordant.
Il y a une raison à ce nouveau son et elle se nomme John Congleton. Le producteur fait sortir Priests de leur zone de confort avec des petites touches d’électronique pour relever le tout que ce soit sur les influences surf-rock de « I’m Clean » et de « Ice Cream », des morceaux digitaux avec « 68 Screen » ou sur des morceaux plus directs comme « Good Time Charlie » et « Control Freak » tandis que Katie Alice Greer exploite la facette obscure de la société américaine de façon générale. Contrairement à Nothing Feels Natural, le groupe n’attaque pas le gouvernement US mais le « glamourise » de façon ironique avec des références plus que glauques sur « Carol » et sur la conclusion bien rythmée de « Texas Instruments ».
On peut applaudir l’audace qu’a Priests de sortir de sa zone de confort en prouvant au monde qu’ils ne sont pas un énième groupe de punk énervé sur ce The Seduction of Kansas. Cependant, on parviendra à regretter quelque peu le manque de corporalité du rock qu’ils maîtrisaient si bien mais cela n’empêche pas pour la bande à Katie Alice Greer de taper là où ça fait mal dans la face d’une Amérique loin d’être glamour.
Note: 8/10