Il existe des groupes qui ont attendu des années et des années pour pouvoir éclater au grand jour et Polycool fait partie de ceux-là. Le quatuor parisien composé de quatre amis d’enfance dont Tino Gelli qui officie également dans le groupe Whyte Sands (dont j’ai touché deux mots ici l’an dernier) avait commencé sous le nom d’Abraxas. Suite à quelques problèmes de copyright, ils sont devenus Polycool et portent bien leur nom. Leur premier album Lemon Lord enregistré et mixé par Alexis Fugain de Biche (un autre groupe cool à retrouver ici) nous dit pourquoi.
A travers ces treize morceaux, les influences musicales de Polycool sont extrêmement larges et bien mesurés. On a affaire à une pop psychédélique groovy et langoureuse où les parisiens visent entre Mac Demarco (sans le côté slacker) et Connan Mockasin (sans le côté excentrique) qui habillent des titres smooth et voyageurs comme « Holy Photons » qui ouvre le bal. Nous voilà plongés dans les années 1970 où des thèmes résolument absurdes (des truites bisexuelles ou un culte voué au Seigneur Citron entre autres…) sont mis en boîte à l’image des cosy « Log Lady » ou bien encore de « Panic System » où le groove reste présent et est dicté par l’interprétation chaleureuse de Tino Gelli.
Avec un visuel acidulé et ses personnages déjantés comme La Crampe et la danseuse masquée résolument sexy (que l’on retrouve dans leurs concerts en aspergant le public de spray et de confettis), Polycool nous déconnecte du monde réel avec ce savoir-faire analogique. Tout s’enchaîne avec fluidité entre le bien-nommé « Rêverie » résolument hypnotique et du plus expérimental « Gravitational Collapse » ou encore des conclusions cosmiques et planantes de « John Lemon » et de « Monteverita » qui ressemble à une production de Danger Mouse. Lemon Lord est riche en surprises, que ce soit le rap sur les dernières secondes de « Polywood » et le disco rétrofuturiste de « Cosmic Time » et font preuve de recherche instrumental sans faille de la part du quatuor parisien.
S’achevant sur un « Fermeture » des plus lancinants, Polycool vient de signer l’album qui viendra réchauffer cette fin d’année. Avec Lemon Lord, le quatuor signe une musique analogique des plus recherchés où la pop psychédélique des années 1970 viendra se confronter aux allures organiques et synthétiques et où le groove et la nonchalance cohabitent sans souci pour en faire une fusion musicale des plus acidulées.
Note: 9/10