Braids – Shadow Offering

La dernière fois que Braids avait marqué un grand coup, cela remontait à l’année 2015 lorsqu’ils nous avaient offert un Deep In The Iris des plus percutants (chroniqué ici). Le trio mené par la voix toujours aussi charismatique de Raphaelle Standell-Preston nous a délivré des hymnes pro-féministes avant de vaquer chacun à ses occupations. Tandis que l’on s’inquiétait de leur longue absence, voici venir Shadow Offering qui mettra un terme à ces cinq années de silence radio.

Entre side-projects avec Blue Hawaii et conflits internes, l’avenir de Braids semblait incertain. Mais c’est toujours dans l’adversité et les temps sombres que l’on finit par se réconcilier. En fin de compte, Shadow Offering voit donc le trio plus soudé que jamais et avec l’aide de Chris Walla, ex-Death Cab For Cutie, à la production, ils reviennent à la source de leur musique. Fini donc les aspects art-pop expérimentaux, Raphaelle Standell-Preston et sa bande reviennent à la pop la plus classique avec « Here 4 U » qui ouvre le bal mais également « Young Buck » qui n’est pas une ode à l’ex-rappeur du G-Unit et « Just Let Me ».

Les aficionados de Braids iront regretter les virées électroniques qui ont fait leur renommée autrefois surtout à l’écoute des titres classiques tels que « Eclipse (Ashley) » et autres « Upheaval II » et « Fear Of Man ». On ne pourra pas enlever le fait que Raphaelle Standell-Preston reste une chanteuse au coffre de voix impressionnant ceci dit. Elle, qui nous avait étonné avec son projet Blue Hawaii, emboîte le pas avec la pièce-maîtresse de ce disque qu’est « Snow Angel », écrit à la veille des élections américaines de 2016 où elle alterne chant et spoken-word incontrôlable (« Am I only just realizing the injustice that exists ? Cloaked in white privilege since the day I was born, blonders on, blinders on […] Whole world’s going to shit, this white girl contributes to it ») qui fait étrangement écho à la situation actuelle où les États-Unis font face à une vague d’émeutes sous fond de tension raciale suite au scandaleux meurtre de George Floyd.

Autre part, elle réussit à nous émouvoir sur la ballade crève-cœur nommée « Ocean » avant de repartir de plus belle sur le final plus enlevé qu’est « Note To Self » où son interprétation est à couper le souffle. En soi, Braids s’est quelque peu aseptisé avec ce Shadow Offering manquant quelque peu de prise de risque mais on est tout de même ravi de revoir le trio canadien en pleine forme et là où on les attendait en cette période trouble.

Note: 7.5/10