Phoebe Bridgers – Punisher

Je pense que tout a été dit au sujet de Phoebe Bridgers. Il ne fait aucun doute qu’elle reste une des actes les plus intéressants sur la scène indie folk américaine féminine que ce soit avec son premier disque Stranger In The Alps (chroniqué ici), avec Boygenius (chroniqué ici) ou avec Better Oblivion Community Center (chroniqué ici). Cette année est tout simplement l’année du grand retour pour notre californienne avec son successeur tant attendu du nom de Punisher.

En soi, Punisher reprend là où elle s’est arrêtée trois ans plus tôt et pas mal de choses ont changé dans l’environnement de Phoebe Bridgers. Celle qui a réglé ses comptes et a enterré vivant Ryan Adams avec gravé sur la pierre tombale: « vie et carrière de Ryan Adams le FDP: 1990-2019 » a encore des choses à dire. C’est avec sa voix frêle mais authentique qui habille des titres somptueux à l’image de « Garden Song » faisant suite à une introduction instrumentale de haute volée que l’on a affaire et qui plante le décor comme il se doit.

Faisant savamment le grand écart entre indie folk et emo, Phoebe Bridgers en ressort grandie avec des morceaux pleins de surprise. On pourra citer entre autres les rythmiques enlevées du jovial « Kyoto » ou l’hommage au regretté Elliott Smith sur le morceau-titre hanté avec qui elle partage pas mal de points communs sans oublier ses ballades si envoûtantes que sont « Halloween » (comptant au passage des chœurs de Conor Oberst), « Chinese Satellite » et « Moon Song » mettant en avant son interprétation vulnérable et ses talents de parolière.

Avec une pointe d’ironie et de satire, elle met la toxicité masculine KO comme il se doit avec l’ambitieux « Saviour Complex » et le trépidant « ICU ». La californienne peut également compter sur l’aide de ses acolytes de Boygenius sur les allures alt-country de « Graceland Too » nous donnant envie de rider dans tout Nashville avant que n’interbien’e l’apocalypse avec « I Know The End » où tous les musiciens s’en donnent à cœur de joie. Entre guitares stridentes, batterie enflammée et cuivres déjantés, on plonge en plein apocalypse avant que tout ne s’efface et l’on entend Phoebe Bridgers en train de faire des bruits de glissement et pousse un petit rire sur la toute fin après avoir poussé des hurlements rauques pendant ce chaos. Avec Punisher, mla californienne s’impose de plus en plus en matière de sauveuse d’indie folk américaine. En s’inspirant du courant Laurel Canyon, Liz Phair et Belly avec une sensibilité emo et des précédentes aventures musicales, elle en ressort impériale tout au long. C’est bien beau tout ça mais à quand un premier album de Boygenius ?

Note: 9/10