Young Jesus – Welcome To Conceptual Beach

En l’espace de deux disques, Young Jesus a su se démarquer de l’originalité sur la scène indie rock américaine. On avait laissé le quatuor de Los Angeles avec un héroïque second disque du nom de The Whole Thing Is Just There (chroniqué ici) montrant une fois de plus leur détermination. Et ils comptent nous prouver qu’ils savent repousser leurs limites avec leur successeur intitulé Welcome To Conceptual Beach.

Cette fois-ci, le quatuor mené par le chant toujours aussi intrépide de John Rossiter qui est auto-tuné sur l’introduction de sept minutes nommée « Faith » qui prend de l’élan avant de s’enfoncer dans des terrains plus math-rock robustes avant de s’achever sur des influences plus space-rock (« We might just grow », répète-t-il à tue tête vers la fin). Young Jesus s’éloigne de plus en plus des allures emo qui avaient fait leur réputation pour aller vers des contrées plus audacieuses notamment sur « Pattern Doubts » et ses sonorités acid-jazz dignes d’Alice Coltrane avec son redoutable duo clavier/saxophone (“Show me how you relax or rather, tell me how’d you’d live if you could live like that / I’ll show you how I get mad or rather, how I judge the world and how a pattern doubts.”) mais aussi sur le plus robuste « (un)knowing ».

Welcome To Conceptual Beach invite l’auditoire à défier leur propre foi et à lâcher prise et en ce sens, Young Jesus nous en fait voir de toutes les couleurs. L’interprétation du guitariste John Rossiter, à mi-chemin entre ANOHNI et Thom Yorke, se fait de plus en plus passionné lors des morceaux bien ambitieux tels que « Meditations » où l’on peut passer du mysticisme pur aux passages noisy dignes de Sonic Youth. Le thème de la foi revient d’ailleurs souvent notamment sur « Lark », épopée de 11 minutes composé par le tandem Haug et Shervin, où les californiens alternent beauté magnétique et fureur noisy tout en maîtrisant l’art du crescendo, tandis que le chanteur et guitariste arrive à jouer avec nos émotions tout comme sur la conclusion intitulée « Magicians ». Pour un troisième disque, Young Jesus continue de s’aventurer vers des territoires de plus en plus ambitieux transcendant l’indie rock et le post-rock.

Note: 8.5/10