The Weather Station – Ignorance

Il y a quatre années et demi de cela, j’avais conclu ma chronique du dernier album de The Weather Station (que vous pouvez retrouver ici) en disant: « S’agirait-il d’un de ses meilleurs albums ? Il semblerait bien que oui, tiens… ». Et il est clair que le projet de la musicienne Tamara Lindeman avait mis tout le monde d’accord avec son indie folk sophistiquée et accrocheuse… Jusqu’à ce qu’elle revienne en ce début d’année avec son successeur nommé Ignorance.

Co-produit par Marcus Paquin (Arcade Fire, The National), The Weather Station a décidé de sortir de son cadre pour aller voir au-delà de ses influences indie folk. Ignorance est l’occasion parfaite de mettre un nom sur ce contexte mondial bien inquiétant, entre crise écologique et catastrophes naturelles poussant l’humanité à l’action avec des titres s’orientant vers la sophisti-pop des années 1980 digne de Talk Talk, Prefab Sprout ou encore de The Waterboys tels que l’introduction intense et organique « Robber » avec une phase free-jazz ambitieuse.

Ce n’est que le début car The Weather Station nous impressionne comme jamais, que ce soit sur « Atlantic » détaillant les conséquences émotionnelles du bouleversement climatique ou encore sur « I Tried To Tell You » avec sa ligne de synthés entêtante et sur « Parking Lot » aux sonorités discoïdes légères où elle contemple comme une enfant le vol d’un oiseau. Ignorance retient toute notre attention avec l’interprétation forte en sensations et les différentes textures instrumentales où les saxophones et les flûtes dansent, les guitares sont empreints d’émotion tandis que les claviers (piano, moogs, wurlitzer, orgue…) mènent la cadence sur « Separated », « Wear » ou bien encore sur « Trust » afin de mieux véhiculer différents messages importants.

Ce voyage musical si intense que nous propose The Weather Station se clôture avec un splendide « Subdivisions » traitant du déni face au contexte bien sombre qui nous entoure où l’avenir a de quoi faire peur. La musicienne de Toronto s’éloigne des influences dignes de Joni Mitchell et de Bill Callahan pour aller puiser vers The Blue Nile afin de modeler un paysage sonore pour mieux transmettre ses différents émotions. Ignorance est sans conteste un des disques les plus intenses et les plus poétiques de ce début d’année qui mérite énormément d’attention.

Note: 10/10