Julien Baker – Little Oblivions

Personne n’aurait pu anticiper l’incroyable succès de Julien Baker avec son album désormais classique nommé Turn Out The Lights (chroniqué ici) il y a trois ans et demi de cela. La chanteuse et guitariste originaire du Tennessee a accédé au panthéon des artistes prometteuses de sa génération, comme l’a confirmé l’EP collectif de boygenius (chroniqué ici) composé d’elle, de Phoebe Bridgers et de Lucy Dacus. De l’eau a coulé sous les ponts et elle s’est faite vivement attendre et la voici enfin de retour avec son troisième disque nommé Little Oblivions.

Une chose est sûre, c’est que Julien Baker ne compte pas se répéter même si elle sent le besoin d’évacuer ce mal-être profond. Chrétienne, homosexuelle et ex-junkie, l’ancienne membre de Forrister n’a pas eu la vie facile, à un tel point qu’elle hésitait à se laisser vivre et à s’arrêter là. Tel est l’objectif de ce Little Oblivions où elle opte pour un son plus ample avec un live-band pour accompagner ses propos autobiographiques et parfois bruts de décoffrage avec notamment « Hardline » qui ouvre le bal mais également avec « Heatwave » et « Relative Fiction ».

Après de nombreuses années où elle a plongé dans la drogue, la dépression et l’espoir de rédemption, Julien Baker raconte son parcours de façon viscérale avec une interprétation beaucoup plus maîtrisée et moins torturée que d’habitude mais toujours aussi empreints d’émotion. Elle se sait aussi consciente par rapport à son image anarchopunk qui n’est pas conforme à l’église catholique bien tradi notamment sur « Crying Wolf », « Ringside » ou sur la réunion des boygenius qu’est « Favor » qui sont de joyaux indie rock mélodiques aux arrangements rappelant plus Lucy Dacus.

Beaucoup d’entre nous iront regretter quelque peu le côté dépouillé des deux albums précédents mais ils sont compensés par des morceaux mélodiques et entêtants que sont « Song In E » et « Repeat » sans oublier la splendide conclusion nommée « Ziptie ». N’allez donc pas chercher le lamento de Turn Out The Lights même si elle reste profondément marquée par ses vieux démons qui l’ont hanté de nombreuses années, Little Oblivions marque tout de même une étape pour Julien Baker sur le chemin de la rédemption tant voulu;

Note: 8.5/10