Le printemps 2023 bien mouvementé viendra s’apaiser quelque peu grâce au retour de Feist. Maintenant désormais un rythme d’un album tous les six ans, la musicienne canadienne a mis une fois de plus tout le monde d’accord avec Pleasure (chroniqué ici) confirmant ce virage plus épuré et DIY et moins pop que ses débuts. Allons savoir ce qu’elle nous a réservé avec son successeur tant attendu du nom de Multitudes.
On fera bien sûr l’impasse sur la pochette mais Feist continue de nous enivrer en racontant ce qu’elle a vécu ces dernières années. Celle qui a quitté la tournée d’*rc*de F*re en septembre dernier a vécu énormément de moments riches en émotion, qu’elles soient positives ou négatives. La récente pandémie, les problèmes personnels et mentaux que la canadienne a traversé, elle réussit à les transposer à travers ce Multitudes produit aux côtés de Mocky notamment sur des compositions folk toujours aussi intimistes telles que « Forever Before » où l’on se familiarise de nouveau avec sa voix suave et déchirante mise en avant qui continue de nous émouvoir avec « Love Who Are Meant To » et « The Redwing » entre autres.
Il faudra ainsi considérer Multitudes comme un album en trois actes, à savoir la naissance, la mort et la résurrection. Feist a vu sa vie bouleversée entre sa récente maternité et le décès de son père qu’elle lui rend hommage de la plus belle des manières comme « Becoming The Earth » avec sa voix superposée. Au milieu de ces pièces épurées à l’image de « I Took All My Rings Off » et de « Of Womankind » qui est un parfait hymne à la sororité résident quelques moments d’orchestrations denses et inattendus comme « In Lightning » rappelant Dirty Projectors par moments ou encore la conclusion pour la moins orchestrale et bouleversante nommée « Song For Sad Friends » où elle réussit à accoucher sur papier ses réflexions, aussi complexes soient-elles.
Moins rêche que Pleasure, il en résulte un Multitudes absolument touchant et introspectif. Feist réussit à toucher son auditoire à travers son état d’esprit à la fois vagabond et lucide qui fait mouche. Avec cette touche d’optimisme, elle arrive à naviguer à travers ces trois cycles de notre existence de la manière la plus fluide qui soit.
Note: 9/10