Dream Wife – Social Lubrication

Personne ne pourra enlever le fait que Dream Wife devienne une des formations les plus fascinantes de la scène britannique. Depuis leur entrée en matière fracassante en 2018 (chroniqué ici), le trio britannique a pris le monde d’assaut le game avec des hymnes féministes percutantes avant d’enfoncer le clou avec So When You Gonna… deux ans plus tard (chroniqué ici). Le trio de Brighton revient plus incisive que jamais avec l’autoproduit Social Lubrication.

Rakel Mjöll (chant), la productrice de l’album qu’est Alice Go (guitare) et Bella Podpadec (basse) reviennent et ont encore des choses à dire. Dès le départ avec « Kick In The Teeth », Dream Wife reste le trio le plus furieux et le plus incendiaire avec ces riffs qui tabassent sec avant d’enfoncer le clou avec les cocktails molotov balancés à la face de cette société patriarcale que sont « Who Do You Wanna Be ? » et le morceau-titre un brin groovy traitant du ras-le-bol des femmes qui sont objectivées (“I’ve aborted this unsolicited advice, play nice / Be attractive but don’t bank on it / Your womb is a ticking time bomb », chante-t-elle).

Brouillant les pistes entre riot grrl et pop-punk, la formation expose sans vergogne les revers toxiques de cette société patriarcale avec entre autres l’excellent et furieux « Hot (Don’t Date A Musician) » au titre plus qu’évocateur ainsi que la montée en puissance frémissante « Leech » avant que Rakel Mjöll se fâche tout rouge face à la misogynie ambiante lors de l’explosion finale (« Just have some fucking empathy / They won’t stop, won’t stop ’til they get every drop »). A l’inverse, Dream Wife peut se montrer plus aseptisée à travers les écoutes du romantique « Mascara » et du sensuel « Curious » qui a de quoi rappeler du Blondie par moments rappelant aux mâles alpha, conseils de séduction aux relents d’incel (*tousse* Andr*w T*te, Al*x H*tch*ns *tousse*) et aux addicts aux sites de red pills que chaque femme est à son « prime » toute sa vie (“My grandma is 85 / She tells me she’s finally peaking, ah, just about ripe / And so is her sex life »).

Passé un « Orbit » des plus nerveux dévastant tout sur son passage, on est ravis d’entendre les textes de Dream Wife distribués comme l’Evangile. Avec Social Lubrication, le trio de Brighton distribue bastos sur bastos tout en déclarant la guerre une fois de plus au patriarcat. Seulement, on aurait aimé moins de retenue et un peu plus de folie et de spontanéité dans leurs compositions qui leur permettrait d’acquérir un statut beaucoup plus important sur la scène riot grrl actuelle.

Note: 7/10