Pendant longtemps, j’avais volontairement ignoré Hurray For The Riff Raff. Mais il faut dire que l’artiste m’avait incroyablement impressionné avec son précédent album nommé Life On Earth il y a deux années de cela (chroniqué ici). Tout simplement parce qu’Alynda Segarra a offert un périple musical introspectif et nourri de nombreuses influences pour sortir de la norme. De l’eau a coulé sous les ponts et l’heure est venue pour l’artiste originaire de la Nouvelle-Orléans de faire son grand retour avec son successeur qui s’intitule The Past Is Still Alive.
En convoquant son fidèle acolyte Brad Cook aux manettes que je ne présente plus, Hurray For The Riff Raff compte renouer avec ses origines Americana à travers ces onze nouvelles compositions intimistes. The Past Is Still Alive s’ouvre sur un « Alibi » des plus enlevés où notre protagoniste raconte les effets néfastes de la consommation de drogue sur une personne et s’adresse à ses proches qui sont des consommateurs avant de prendre son envol avec le plus mélancolique « Buffalo » en comparant une relation amoureuse prometteuse à des espèces en voie de disparition. L’artiste d’origine portoricaine réussit à dépeindre les portraits de son entourage avec beaucoup d’empathie et c’est ce qui fait sa force.
Et ce n’est que le début car The Past Is Still Alive contient d’innombrables perles à l’image des enivrants « Hawkmoon » et « Colossus of Roads » étant des chansons de deuil destinés à la communauté queer se sentant de plus en plus opprimée. Hurray For The Riff Raff arrive à nous transporter à travers ses textes vibrants à la portée universelle, le tout saupoudré d’arrangements riches en sensations fortes comme sur le nostalgique « Snakeplant » contrastant avec le plus rageur « Vetiver » en passant par des moments plus désenchantés avec les magnifiques « Hourglass » et « Dynamo ». Après avoir jeté un regard désabusé et alarmiste sur un monde en feu sur « The World Is Dangerous » presque Bright Eyes dans l’âme, Alynda Segarra s’en tire de nouveau avec les honneurs avec le crescendo frémissant de « Ogallala » où elle tisse une frontière fine entre l’apocalypse et le renouveau, les lueurs d’espoir et la désillusion du plus bel effet.
Après un « Kiko Forever » qui sont des bribes de conversation téléphonique pleines de tendresse, The Past Is Still Alive nous rappelle que l’amour et la bienveillance restent des armes efficaces face à ce monde de brutes. En ce sens, Hurray For The Riff Raff tire son épingle du jeu en revenant vers les origines Americana tout en se positionnant en tant que porte-parole face aux opprimés grâce à cette safe-place musicale qu’elle a créé et qui nous réconfortera pendant longtemps.
Note: 9/10